samedi 27 juin 2009

2302 - ... mais éviter l'anorexie

... en matière de tanks, faire lourd revient souvent à fabriquer des engins aussi ruineux pour le contribuable que patauds sur le champ de bataille. Mais faire léger aboutit au contraire à ne construire que des cercueils roulants qui s'avèrent autant de fausses économies.

La longue histoire du char léger est en fait un parcours qui comprend quelques très rares réussites - le Renault FT-17 français de 1917, le M24 Chaffee américain de 1944 - mais surtout beaucoup d'échecs.

Parlez-en donc aux Italiens et au Japonais, bien sûr, mais aussi aux Anglais qui, à la fin des années 1930, vont concevoir dans les meilleures intentions du monde, deux des tanks les moins aptes au combat que l'on puisse imaginer.

Avec le Matilda I, l'ambition est de construire un des tanks les moins chers du monde, puisque ne devant pas coûter plus de 6 000 livres l'exemplaire.

Pour y arriver, tout est évidemment simplissime et composé d'un maximum de pièces de récupération, à commencer par un moteur de camion Ford, un embrayage de char léger Vickers, ou encore une suspension et des roulements de tracteur d'artillerie. Mais avec une vitesse maximale de 12 kms/h... sur route (!) et un armement composé d'une seule mitrailleuse légère, le résultat final ne vaut guère que par son blindage, qui atteint 6 cm à l'avant.

Brièvement utilisé, et sans le moindre succès, en 1940, l'engin, qui n'a certes pas coûté grand-chose mais n'a pas davantage servi à quoi que ce soit, ne survivra pas longtemps au rembarquement de Dunkerque, puisque les rares exemplaires survivants sont ensuite brièvement utilisés pour l'entraînement, puis expédiés dans les parcs à ferrailles.

La carrière du Tetrach est presque aussi anecdotique. Commandé à 220 exemplaires, à partir de 1938, comme char léger de reconnaissance, le Tetrarch est effectivement "léger", puisque n'avouant même pas 8 tonnes et se contentant d'un blindage si mince qu'il peut être traversé par de simples balles de mitrailleuses.

De fait, l'engin inspire si peu confiance à ses utilisateurs qu'on n'en fabrique finalement qu'une centaine,... qui, durant la "drôle de guerre" de 1939-1940, vont demeurer prudemment en Grande-Bretagne plutôt que de partir pour la France. En 1941, une vingtaine de Tetrarch sont cédés à l'URSS, où ils ne feront guère parler d'eux. En 1942, quelques uns sont expédiés, avec succès, à Madagascar, où l'opposition des forces de Vichy est, il est vrai, quasi-inexistante.

En 1944, les faibles poids et dimensions des rares Tetrarch survivants semblent en faire les engins idéaux pour les opérations aéroportées. Le 6 juin, vingt Tetrarch, transportés par de gros planeurs Hamilcar, débarquent en Normandie avec les parachutistes britanniques. Mais à nouveau, le manque flagrant de blindage constitue un handicap insurmontable, même pour les missions de reconnaissance qui, dès le mois d'août, sont confiées à des chars Cromwell presque aussi rapides mais trois fois plus lourds...

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