vendredi 20 février 2009

2175 - vol au dessus d'un nid de coucous

... Très faible dans les premiers jours, le nombre de désertions, d'automutilations, de rebellions, ou tout simplement d'apathies, grimpa régulièrement à mesure que les troupes piétinaient dans le bocage.

Plus que le mal du pays et les faiblesses "normales" d'un conscrit ordinaire, c'était en effet l'immobilisme et l'absence de tout espoir d'en sortir, qui plongeaient le soldat américain dans le désarroi le plus profond et le rendait extrêmement vulnérable à ce que l'État-major avait fini par considérer comme autant de "troubles psychiatriques".

En août, la seule 1ère Armée américaine recensait près de 6 000 cas psychiatriques dans ses rangs, soit plus de 30 % des malades et blessés toutes causes confondues (!)

Les ressources humaines étant loin d'être inépuisables, cette situation ne manquait pas d'inquiéter l'État-major.

"Lundi dernier, dans l'après-midi, Ike a a pris le général De Witt pour une visite au 5ème hôpital général près de Carentan. Quand il est revenu, il a dit qu'il était déprimé et il le semblait. Il y avait environ 1 100 STW (mutilations volontaires, self-inflicted wounds) et de nombreux cas de psychonévroses (psychoneuronis) ou d'anxiété de la bataille (battle anxiety)" (1)

A la différence des médecins britanniques et des canadiens, qui préféraient expédier leurs cas psychiatriques en Grande-Bretagne pour les mettre au repos et les soigner le plus loin possible des combats, l'Armée américaine avait au contraire choisi de les hospitaliser sur place, parfois-même au sein de simples infirmeries de campagne situées sur la ligne de Front.

Les Américains considéraient en effet que maintenir le soldat défaillant le plus près possible de l'action, et des membres de son unité, était la meilleure manière de le renvoyer rapidement au combat.

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, ce fut la méthode américaine qui s'avéra la plus efficace : "Pour la campagne de Normandie dans son ensemble, les clearing stations des divisions et des centres de repos renvoyèrent [au Front] 62 % de leurs 11 150 patients psychiatriques; 13 % furent astreints à un service non combattant (...) Ces pourcentages attestent des progrès réalisés : en 1943, seuls 44 % des cas retournaient en service pleinement actif dans des unités combattantes" (2)

(1) Wieviorka, page 304
(2) ibid, page 310-311

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