samedi 8 novembre 2008

2071 - allegro ma non troppo

... avec plus de 170 000 avions, 90 000 tanks, 65 000 navires de débarquement, ou encore 320 000 canons, la production militaire américaine de 1942 à 1945 pulvérisa tous les records : en 1944, elle représentait même le double de ce que fabriquaient l'Allemagne, le Japon et l'Italie réunis !

Bien que spectaculaires, ces chiffres auraient cependant pu l'être davantage

En effet, dans le cas américain, et à la différence de l'Allemagne et du Japon, on ne pouvait certes pas parler de "guerre totale" ou de "mobilisation de toutes les forces de la Nation".

Les Américains n'entendaient certes pas tout sacrifier à la "Grande Croisade pour la Démocratie" proclamée par le Président Roosevelt. La consommation intérieure de biens et de services continua donc d'augmenter durant toute la guerre, alors qu'elle s'effondrait en Grande-Bretagne et dans l'Europe occupée.

Dans les usines d'armement, ouvriers et ouvrières prestaient certes de plus longues heures de travail, mais bénéficiaient en contre-partie de salaires et d'avantages largement supérieurs à ceux d'avant-guerre. Le rationnement était - et demeura - fort limité et, faute de moyens coercitifs, les pamphlets de la propagande, ainsi que la bonne parole des Stars d'Hollywood, restèrent les seules armes capables de persuader les Américains de moins consommer, de souscrire des emprunts de guerre... ou de pratiquer le co-voiturage !

Les Américains avaient certes la chance de vivre et de travailler si loin du Front que la guerre ne leur évoquait qu'une simple abstraction. Mais plus que la géographie, c'était la politique qui empêchait l'État d'imposer de véritables sacrifices à la population.

Contrairement à son homologue britannique et, a fortiori, allemande ou russe, l'administration Roosevelt demeurait en effet tributaire du résultat des élections, que personne n'avait pu, ou voulu, supprimer ou suspendre pour la durée du conflit.

Réélu en 1940, Roosevelt dû donc faire campagne pour la présidentielle de 1944, mais aussi pour les importantes élections de mi-mandat, en 1942. Et pour conserver le soutien populaire, il ne lui suffisait pas de promettre des lendemains meilleurs ou de mettre en avant des victoires lointaines : l'électeur américain exigeait du concret, de l'immédiat, des décisions et une politique qui favoriseraient sa vie quotidienne et préserveraient son niveau et sa qualité de vie...

Aucun commentaire: