vendredi 15 septembre 2006

1286 - un roi déchu

... Le Tiger I était à peine en production que les ingénieurs allemands s'attaquaient déjà à son successeur, qu'ils voulaient encore plus "kolossal" que le premier.

L'expérience des combats aurait dû les convaincre qu'ils perdaient leur temps avec ces engins bien trop gros, impossibles à soustraire aux attaques aériennes, et que la réalité d'une Allemagne au bord de l'effondrement empêcherait de toute manière de produire en masse. Mais en Aviation comme en matière de blindés, les Allemands, submergés par le nombre, avaient-ils vraiment d'autre choix que d'espérer la venue d'un "engin miracle" dont les qualités supérieures, pour ne pas dire surnaturelles, compenseraient à elles seules la cruelle loi du nombre ?

Quoi qu'il en soit, le Tiger II, ou Koenigstiger, mis en production à l'été 1944, reprenait l'essentiel des caractéristiques qui avaient fait de son aîné la terreur des tankistes alliés, à commencer par son célèbre canon de 88mm, et un blindage certes très efficace mais entraînant un surpoids encore plus conséquent que sur le Tiger I : la facture atteignant cette fois 70 tonnes au lieu des 55 du Tiger I pourtant unanimement considéré comme trop lourd (!)

Déjà à la limite dans les Tiger I de 55 tonnes et les Panther de 45 tonnes, le moteur Maybach de 700 CV était véritablement à l'agonie dans la lourde caisse du Koenigstiger. La fiabilité était donc particulièrement médiocre. A cette fragilité mécanique s'ajoutait la quasi impossibilité de dissimuler pareil monstre aux regards d'aviateurs alliées toujours plus nombreux dans le ciel, et bombardant systématiquement tout ce qu'ils voyaient bouger sur les routes.

A l'instar des Tiger I, les Koenigstiger étaient utilisés en petits groupes de quatre ou cinq blindés, qui parvenaient généralement à stopper l'ennemi, voire à créer une percée dans ses rangs. Hélas, ce résultat n'était jamais que de courte durée, tant la disproportion entre les forces en présence était devenue flagrante.

Venait alors l'inévitable moment de battre en retraite, un exercice toujours délicat pour le Koenigstiger, handicapé par sa faible vitesse, sa piètre fiabilité, et sa consommation gargantuesque. A la fin de la guerre, il n'était pas rare de rencontrer des Koenigstiger intacts, que leurs équipages avaient dû abandonner par manque d'essence ou sur problème mécanique

Au total, moins de 500 exemplaires de ce formidable tank furent produits, dont les derniers exemplaires défendirent Berlin assiégée, avant de succomber sous le simple poids du nombre...

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