samedi 25 février 2006

1084 - Keitel : le chien fidèle

... durant toute sa vie, Wilhelm Keitel est le prototype du militaire de carrière dont l'obéissance aveugle aux ordres compense l'absence de génie militaire.

Reconnu pour son extrême servilité au Führer, il en couvre toutes les décisions, ce qui lui permet de survivre aux sautes d'humeur de son maître, et même de lui survivre tout court, puisque c'est lui qui signe l'acte officiel de capitulation, le 8 mai 1945.

Arrêté par les Américains moins d'une semaine plus tard, il est déféré à Nuremberg. On reproche à Keitel d'avoir signé d'innombrables documents ordonnant l'attaque de pays neutres, l'exécution de partisans, la mise au travail forcé de prisonniers de guerre, ou encore des représailles massives sur les populations civiles.

"Je suis un soldat, déclare Keitel (1). J'ai travaillé pour le Kaiser, sous Ebert, Hindenbourg et Hitler, exactement de la même manière au cours des 48 dernières années. (...) Je n'avais aucune autorité. Je n'avais de feld-maréchal que le nom. Je n'avais ni troupes ni autorité, si ce n'est celle d'exécuter les ordres de Hitler. Je lui étais lié par serment (2)

L'argument de l'obéissance aux ordres ne convainc manifestement pas le Tribunal

"Les ordres supérieurs, mêmes donnés à un soldat, ne peuvent constituer des circonstances atténuantes là où des crimes aussi révoltants que nombreux ont été commis sciemment, impitoyablement, et sans la moindre justification militaire" (3) souligne le tribunal, en le reconnaissant coupable des quatre chefs d'inculpation et en l'envoyant à la potence.

(1) Gellately, pp 214-215
(2) le 2 août 1934, peu après la mort de Hindenbourg, le traditionnel serment d'allégeance de l'armée à la Nation fut remplacé par un serment d'allégeance à la personne-même du Führer
(3) Wieviorka, page 163

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