jeudi 23 février 2006

1082 - Von Ribbentropp : la voix de son maître

... à la différence de ses prédécesseurs, Joachim Von Ribbentropp n'est pas un diplomate de carrière. Ce n'est pas non plus un nazi de la première heure - il n'a adhéré au NSDAP qu'en 1932. C'est un riche marchand de vins que sa rencontre avec Hitler propulse d'abord comme ambassadeur d'Allemagne en Grande-Bretagne - où il est immédiatement à l'origine d'un incident diplomatique en effectuant le salut nazi et en saluant le Roi d'un vibrant "Heil Hitler" dès sa présentation à la Cour de Saint-James - puis comme Ministre des Affaires étrangères de 1938 à 1945, poste où il acquiert bientôt la réputation d'homme des "chiffons de papiers" en raison de sa détestable propension à signer des accords de paix qui se trouvent violés avant même que l'encre n'en soit sèche.

Tenu en piètre estime, et souvent qualifié d'incapable, Ribbentropp n'en est pas moins l'homme du pacte germano-soviétique, prélude à l'invasion puis au partage de la Pologne.

Mais la principale qualité de Ribbentropp est assurément d'avoir été, tout au long du régime nazi, la fidèle "voix de son maître", Adolf Hitler

"Il était très gentil avec moi", déclare-t-il à Nuremberg. Il était souvent très attentionné (...) J'étais son plus fidèle partisan (...) J'étais véritablement sous le charme de Hitler, c'était indéniable. Il m'a impressionné dès la première fois que je l'ai vu, en 1932. Il avait une force terrible, surtout dans les yeux"

Comme la plupart de ses co-accusés, Ribbentropp ne se reconnaît aucune responsabilité, ni même aucun pouvoir dans le régime nazi

"Chez nous, la politique était que chaque ministre ou chef de service ne sache que ce qui regardait son travail. Par exemple, je n'ai été au courant de l'invasion de la Norvège que 24 heures avant les opérations. Il tenait les Affaires étrangères à l'écart de l'armée. De même avec la guerre contre la Russie. Je n'ai été mis au courant que 24 heures avant (...) Un homme et un seul homme prenait toutes les décisions cruciales. C'était le Führer" (1)

Cette argumentation n'est manifestement pas partagée par le Tribunal de Nuremberg, qui le juge coupable des quatre chefs d'inculpation et le condamne à mort.

Alors qu'il monte sur l'échafaud, Ribbentropp déclare : "Mon dernier souhait, c'est que mon pays retrouve son unité et que l'Est et l'Ouest s'entendent pour la paix du monde".

Il avait 53 ans

(1) Gellately, page 244 et 249

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