mercredi 11 janvier 2006

1039 - c'est pas parce qu'on n'a pas de queue...

... en s'affranchissant du fuselage séparé, et des empennages de l'avion traditionnel, l'aile volante offrait théoriquement une réduction de traînée aérodynamique de 30 à 50%, et donc une appréciable amélioration en terme de performances et de consommation.

Mais pour les avionneurs habitués depuis des décennies à concevoir des appareils généreusement pourvus de tous ces appendices, cette approche représentait une rupture philosophique s'apparentant à une véritable plongée dans l'inconnu, ainsi que de coûteux investissements en temps et matériel pour apprendre à construire "différemment".

Plutôt que de se lancer dans pareille aventure, la plupart des constructeurs tentèrent alors, partout dans le monde, de concilier les deux formules ou, plus exactement, de continuer à concevoir des avions au demeurant traditionnels mais cette fois dépourvus d'empennages horizontaux et/ou verticaux, donc théoriquement plus aérodynamiques.

Ainsi, à l'été 1944, lorsque le RLM allemand réclama un chasseur "de zone", pour des missions d'interception ponctuelles ne dépassant pas le quart d'heure de vol, les ingénieurs de Junkers imaginèrent-ils un minuscule appareil à réaction et aile en flèche - le Junkers EF-128 - qu'ils privèrent de tout appendice caudal, histoire de gagner en performances, en consommation, mais aussi en temps d'assemblage.

Naturellement, pour compenser la perte de stabilité de ce chasseur "sans queue", les ingénieurs n'eurent d'autre choix que d'ajouter des dérives et des élevons directement sur les ailes,... réduisant du même coup une bonne partie des gains aérodynamiques escomptés.

Comme la plupart des "merveilles nazies", le Junkers EF-128 n'eut pas le temps lui non plus de dépasser le stade des esquisses et maquettes de soufflerie,... ce qui valait peut-être mieux pour la réputation de leurs différents concepteurs, ainsi que pour conserver intacte la ferveur quasi-mystique qu'elles continuent de susciter aujourd'hui dans le coeur des passionnés d'Aviation.

La vérité, hélas, force à reconnaître que les quelques appareils "sans queue" construits dans l'après-guerre sont loin d'avoir laissé d'excellents souvenirs à leurs utilisateurs, à commencer par les Américains qui, après avoir perdu sur accidents plus de 25% de leur Chance-Vought "Cutlass" - précisément construits sur des plans allemands - furent bien contents, après seulement trois années d'utilisation, de les troquer contre des Grumman "Cougar" infiniment plus traditionnels et quant à eux pourvus d'une queue en bonne et due forme...

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