jeudi 8 décembre 2005

1005 - les minutes de Wannsee

... soigneusement enregistrées par un sténographe, les minutes de la Conférence de Wannsee furent ensuite remises à Adolf Eichmann, puis remaniées à plusieurs reprises par Reinhard Heydrich, qui en fit tirer trente copies dont une seule - celle de Martin Luther - sous-secrétaire d'État aux Affaires étrangères - survécut à la guerre.

Sachant qu'aucun des participants de cette conférence - Heydrich y compris - ne tenait vraiment à voir son nom associé à un document décrivant de manière vraiment explicite le sort qui attendait les femmes et enfants juifs expédiés à la chambre à gaz parce que "incapables de travailler", les minutes de la conférence furent volontairement édulcorées, et rédigées en langage semi-codé, lourd d'ellipses et de sous-entendus - comme l'utilisation du verbe "évacuer" - respectant en cela le souhait de Hitler de parvenir, comme pour "l'action d'euthanasie", à une solution "non bureaucratique" du problème.

Comme Heinrich Himmler - chef suprême de la SS - le déclara près de deux ans plus tard devant ses SS, la solution finale de la question juive est "une page glorieuse de notre histoire, qui n'a jamais été écrite et ne saurait jamais l'être. Nous avions le droit moral, nous avions le devoir envers notre peuple de détruire ce peuple qui voulait nous détruire"

Mais le plus significatif, finalement, est qu'il ne se soit trouvé personne, au sein de cet étonnant "conseil d'administration" réuni à Wannsee, pour refuser, démissionner ou simplement protester contre cette action véritablement unique par son ampleur et qui violait aussi totalement toutes les lois humaines et la morale la plus élémentaire des sociétés modernes.

La plus grave erreur serait d'ailleurs de voir en ces administrateurs d'Holocauste autant de brutes primitives et d'habitués des arrières-salles de tavernes. Comme le fait fort justement remarquer Daniel-Jonah Goldhagen, sur les quinze personnes présentes, huit possédaient un doctorat... qui, manifestement, ne les empêcha nullement de parler ouvertement d'euthanasie, de meurtres de masse ou de stérilisation forcée d'autres êtres humains, ni de mettre ensuite leurs propos en pratique...

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