mardi 25 octobre 2005

961 - appelez-moi Meyer

... Héros de la Première Guerre mondiale, commandant en chef de la Luftwaffe, Président du Reichstag, Premier ministre de Prusse, numéro deux du régime nazi, et pendant longtemps personnalité la plus populaire d'Allemagne après Hitler, Hermann Goering fut non seulement un fidèle d'entre les fidèles, mais aussi un homme qui joua un rôle capital dans la mise à l'écart puis l'élimination physique des Juifs.

Comme la plupart des hauts dirigeants nazis, Goering eut la chance, ou le flair, d'adhérer au tout jeune NSDAP d'Adolf Hitler dès le début des années 1920, ce qui lui permit non seulement d'accéder aux plus hautes fonctions de l'État, mais aussi de conserver la reconnaissance, sinon la confiance, de Hitler jusqu'aux derniers instants de son régime, lorsque ce dernier faisait allègrement fusiller tous ceux qu'il estimait l'avoir trompé ou simplement déçu.

De fait, pour Hitler, Goering se transforma en une constante source de déceptions dès 1941, lorsqu'il devint progressivement évident que la Luftwaffe était non seulement incapable de gagner la guerre, mais même de protéger l'Allemagne des bombardements alliés malgré toutes les fanfaronnades de son chef, qui avait fort imprudemment déclaré qu'on pourrait bien l'appeler Meyer si un seul bombardier britannique parvenait jamais à atteindre Berlin.

A la fin de 1941, c'est pourtant Goering qui ordonna à Reinhard Heydrich d'accéder aux voeux du Führer de trouver une "solution finale à la question juive". Nonobstant, l'antisémitisme de l'intéressé demeura ambigu jusqu'à la fin.

"Je n'ai jamais été antisémite", déclara-t-il à Nuremberg, en 1946. "L'antisémitisme n'a joué aucun rôle dans ma vie (...) Je conçois que ça ait l'air idiot, qu'il soit difficile de comprendre qu'un homme comme moi, ayant fait des discours antisémites et participé comme numéro deux à un régime qui a exterminé cinq millions de Juifs, puisse dire qu'il n'était pas antisémite. Mais c'est vrai (...) Chaque fois que des Juifs m'ont appelé à l'aide, je les ai aidés. Bien entendu, c'étaient des gens que je connaissais avant, ainsi que leurs amis et parents"

(...) [le génocide des Juifs] c'était tellement absurde, et ça n'a fait aucun bien à personne, si ce n'est donner mauvaise réputation à l'Allemagne. (...) je respecte les femmes et je ne trouve pas ça très chic de tuer des enfants. Voilà surtout ce qui me tracasse dans l'extermination des Juifs (...) j'ai eu vent de rumeurs sur les massacres collectifs de Juifs mais je n'y pouvais rien et je savais qu'il était inutile d'enquêter sur ces rumeurs (...) [car] j'étais occupé d'autres choses, et si j'avais découvert ce qui se passait concernant les meurtres de masse, le seul effet aurait été que je me serais senti mal alors que, de toute manière, je ne pouvais faire grand-chose pour l'empêcher" (*)

Comdamné à mort à Nuremberg, Hermann Goering se suicida dans sa cellule deux heures avant son éxécution, le 15 octobre 1946.

(*) Goldensohn/Gellately, Les Entretiens de Nuremberg, pp 167 et 184

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