mercredi 19 octobre 2005

955 - la machine de mort

... dans la logique nazie, les malades et handicapés mentaux menaçaient non seulement la pureté et la vigueur du sang allemand, mais mobilisaient également un nombre appréciable de médecins, d'infirmières, de lits d'hôpitaux et de ressources diverses, qui trouveraient une application bien plus utile ailleurs, en particulier dans le cadre de la guerre que chacun s'accordait à reconnaître comme inévitable.

Mais même dans ce régime dictatorial, on ne pouvait se contenter d'une vague autorisation orale du Führer pour mettre sur pieds une organisation qui allait bouleverser de fond en comble l'ordre social traditionnel en se chargeant de mettre à mort des dizaines de milliers d'Allemands reconnus inutiles.

Dans cette Allemagne où la Loi ne voulait plus dire grand-chose, Hitler - tel un moderne Louis XVI - signa donc une simple autorisation écrite, prudemment antidatée au 1er septembre 1939, soit au jour même de la déclaration de guerre à la Pologne, qui en justifia en quelque sorte la finalité.

Dans les deux ans qui suivirent, la plupart des malades et handicapés sélectionnés furent secrètement convoyés vers des asiles spécialisés, et exterminés au monoxyde de carbone. En Poméranie, le gauleiter Franz Schwede-Coburg préféra recourir aux bonnes vieilles méthodes, et les fit fusiller par la SS...

En Prusse orientale, le gauleiter Erich Koch se montra plus imaginatif, en faisant tester pour la première fois des unités de gazage mobiles - autrement dit des camions à gaz - qui allait bientôt servir au plus grand "bénéfice" des Juifs...

Lorsque, suite aux protestations des églises (*), "l'action d'euthanasie" fut arrêtée - du moins "officiellement" - en août 1941, plus de soixante-dix mille malades et handicapés mentaux allemands avaient déjà perdu la vie...

(*) lesquelles églises firent en revanche preuve d'un silence total s'agissant non plus de l'élimination des handicapés mais simplement de celle des Juifs...

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