mardi 18 octobre 2005

954 - action T4

... tout commença donc début 1939 par cette lettre d'un père suppliant son Führer bien-aimé d'autoriser les médecins à euthanasier son fils né aveugle, sans avant-bras gauche, et avec une jambe difforme.

Tout commença par cette lettre que Hitler, déjà fort bien disposé à l'égard de l'euthanasie, jugea suffisamment importante pour qu'elle le persuade d'inviter son médecin personnel - le docteur Karl Brandt (*) - à accéder au désir du père puis, par extension, à agir de même dans tous les cas similaires.

Hitler craignait néanmoins la réaction des églises allemandes devant un programme se situant à l'antithèse des valeurs et de la morale chrétienne traditionnelles. Il insista donc sur l'absolue nécessité d'une "solution totalement non bureaucratique de ce problème" (sic), qui aboutit à la création d'une fort secrète "Commission du Reich pour l'enregistrement scientifique des souffrances héréditaires et congénitales graves", laquelle, dans un premier temps, liquida de cinq à huit mille enfants allemands par injection de barbituriques.

En août 1939, la machine de mort était rodée et pouvait désormais passer à la vitesse supérieure. Et contrairement à ce que le lecteur d'aujourd'hui pourrait imaginer, les médecins allemands ne se firent nullement prier pour appliquer les directives de l'État et euthanasier des dizaines de milliers de malades et de handicapés mentaux.

Comme le souligne Ian Kershaw, "un nombre appréciable de médecins fut convoqué à la Chancellerie du Reich afin de solliciter leurs points de vue sur un tel programme. Dans leur écrasante majorité, ils se dirent favorables et prêts à coopérer. Ils laissèrent entendre que le nombre "d'éligibles" pourrait se situer autour de soixante mille patients"

C'était cela aussi, "travailler en direction du Führer"...

(*) condamné à mort après guerre, Karl Brandt fut exécuté à la prison de Landsberg, le 2 juin 1948

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