... les handicapés et malades mentaux allemands ont accompagné, et même précédé, les Juifs dans la Mort. Il ne pouvait en être autrement. L'idéologie de supériorité raciale et le crédo du darwinisme social, maintes fois martelés par Hitler et ses partisans, ne permettaient aucune autre issue.
Bien sûr, ni Hitler ni aucun autre responsable nazi n'ont, stricto sensu, inventé "l'action d'euthanasie", dont le concept - celui d'interruption de vie gênante, inutile, ou simplement non-productive - avait déjà été théorisé dès les années 1920 par le juriste Karl Binding et le psychiatre Alfred Hoche. Dans Mein Kampf, Hitler lui-même s'était prononcé sinon pour l'euthanasie, du moins pour la stérilisation forcée de ceux et celles susceptibles d'affaiblir le sang allemand. Mais rien de véritablement concret n'en sortit avant l'arrivée des nazis au Pouvoir, en mars 1933.
En vérité, les réticences de la population allemande en général, et des églises en particulier, à l'égard de la Vernichtung lebensunwerten Lebens - de la "destruction de la vie qui ne mérite pas de vivre" furent telles que "l'action d'euthanasie" (*) dut attendre le début de l'année 1939 pour pouvoir enfin se développer dans un cadre officiel, sinon légal.
Tout commença donc en 1939, au "Secrétariat de la Chancellerie du Führer", un terme bien pompeux pour désigner une administration sans pouvoir réel, mise en place en 1934 pour recueillir les lettres et doléances que les Allemands honnêtes étaient susceptibles d'écrire à l'intention de leur Führer bien aimé.
Tout commença par la réception d'une lettre d'un habitant de la région de Leipzig, qui suppliait son Führer d'autoriser les médecins à euthanasier son fils né aveugle, sans avant-bras gauche, et avec une jambe difforme.
Tout commença par cette lettre qui parut suffisamment importante pour qu'elle se retrouve sur le bureau de Hitler...
(*) dite aussi "action T4", en raison de l'implantation de son quartier général au 4 de la Tiergarten Strasse, à Berlin
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