... de l'arrivée de Hitler au pouvoir jusqu'au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, plus de 300 000 Juifs avaient été contraints de fuir l'Allemagne et de chercher refuge dans les pays avoisinants qui, il faut bien le dire, ne se bousculaient guère pour les accueillir.
Ainsi en fut-il des quelque 900 réfugiés du paquebot Saint-Louis, qui avait appareillé de Hambourg le 13 mai 1939 à destination de Cuba. Une semaine avant l'appareillage, une manifestation antisémite avait déjà été organisée à La Havane pour protester contre ces Juifs dont la venue menaçait le fragile marché local de l'emploi. A l'arrivée du Saint-Louis, le 27 mai suivant, seule une vingtaine de passagers fut finalement autorisés à débarquer.
Débutèrent alors d'interminables tractations entre le président cubain Laredo Bru et les organisations juives, sur le point de savoir à partir de combien de centaines de milliers de dollars le gouvernement cubain accepterait finalement de laisser débarquer les réfugiés. Lorsque les tractations échouèrent, le Saint-Louis fut contraint de quitter les eaux territoriales cubaines et de mettre le cap sur Miami.
Mais aux États-Unis, le Département d'État n'entendait pas accueillir ces Juifs, et donc déroger au sacro-saint "quota d'immigration" qui, pour l'année 1939, avait été fixé pour l'Allemagne et l'Autriche à quelque 27 000 personnes, et qui était déjà atteint.
Là encore, beaucoup craignaient que l'arrivée de milliers et de milliers de Juifs allemands ne fragilise un marché de l'emploi qui commençait à peine à se remettre de la Grande Dépression du début des années 1930. Un sondage réalisé à l'époque avait d'ailleurs révélé que 83% des Américains étaient farouchement opposés à toute augmentation des quotas, fut-ce pour des raisons humanitaires.
Malgré les suppliques des passagers, le gouvernement américain demeura inflexible, et le Saint-Louis fut contraint, le 6 juin, de rebrousser chemin et de rentrer en Europe.
Arrivés à Antwerpen le 17 juin, les passagers furent finalement autorisés à débarquer,... pour être aussitôt envoyés dans des camps de réfugiés équitablement répartis entre la Grande-Bretagne, la France, la Belgique et la Hollande...
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