vendredi 14 octobre 2005

950 - Judenrein

... petit à petit, la perspective d'un "Judenrein", d'une Allemagne débarrassée de ses Juifs, finissait par s'imposer.

Exclus de la vie économique et sociale, ouvertement méprisés, régulièrement brutalisés, des dizaines de milliers de Juifs prenaient le chemin de l'exil, abandonnant leurs possessions à des citoyens et un État allemands trop contents de pouvoir les racheter à vil prix dans un processus que l'on appela "l'aryanisation des biens juifs".

A chaque nouveau pogrom, à chaque nouvelle explosion d'antisémitisme dans un petit village ou une grande ville, finissait par correspondre un nouvel exil de Juifs allemands.

Vingt-trois mille en 1937, quarante mille en 1938, quatre-vingt mille en 1939 (dans la foulée de la "Nuit de Cristal" et juste avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale), l'exode des Juifs s'accélérait,... ce qui n'allait pas sans susciter moult réticences chez les gouvernements des pays susceptibles de les accueillir.

Réunis à Évian, en juillet 1938, les principaux pays occidentaux avaient déjà réaffirmé leur refus d'augmenter leurs quotas d'immigration pour les Juifs allemands.

Ainsi, en novembre 1938 et devant l'afflux soudain de réfugiés fuyant la "Nuit de Cristal", les Hollandais décidèrent de doubler les gardes-frontières, puis de fermer carrément leurs portes le 17 décembre suivant, et ce après l'arrivée de quelques sept mille Juifs allemands.

Au même moment, les Britanniques acceptaient l'entrée de dix mille enfants juifs sur leur territoire,... mais refusaient la demande de vingt et un mille adultes désireux d'immigrer en Palestine, où la venue de milliers de leurs coreligionnaires au cours des mois précédents n'avait fait qu'attiser les tensions avec la population musulmane.

Pareilles successions d'acceptations et de refus se succédèrent ainsi dans l'ensemble des pays occidentaux jusqu'au déclenchement de la guerre, apportant finalement de l'eau au moulin des antisémites allemands, trop heureux de constater que les Juifs dont ils ne voulaient plus en Allemagne n'étaient en vérité désirables nulle part...

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