... contrairement à ce que l'on pense généralement, l'abdication des juristes et des tribunaux allemands face à l'antisémitisme a précédé plutôt que suivi la publication des "Lois de Nuremberg" de 1935, lesquelles ne visaient finalement qu'à mettre un peu d'ordre, et un soupçon de légalité, sur l'ensemble des persécutions dont les Juifs étaient régulièrement victimes depuis l'arrivée de Hitler au Pouvoir.
"Les juges et autres membres des professions juridiques étaient si impatients de purger leurs institutions et leur pays de toute influence juive que, dès les premiers mois du régime nazi, ils allaient souvent bien plus loin que ce que la nouvelle législation demandait (...) selon Die Juristische Wochenschrift, le plus important périodique juridique d'Allemagne, qui approuvait, [un tribunal de Berlin] avait stipulé "qu'une législature révolutionnaire [celle de la toute jeune Allemagne nazie] ne peut encore avoir tout prévu, et c'est le devoir du tribunal d'y suppléer en appliquant les principes de la conception du monde national-socialiste".
De fait, dans l'Allemagne de la fin des années 1930, ce n'étaient nullement les humiliations répétées, les spoliations, les mauvais traitements, ni même les meurtres dont les Juifs étaient régulièrement victimes qui préoccupaient les Allemands ordinaires, mais bien la destruction indue des biens et richesses - comme lors de la célèbre "Nuit de Cristal" du 9 novembre 1938 - que ces actes entraînaient.
"D'un côté, on nous demande de récupérer le papier d'argent et les tubes de dentifrice vides, de l'autre on fait délibérément des dégâts pour plusieurs millions de marks !" protesta amèrement un sympathisant nazi dans une lettre au Ministre de la Propagande Joseph Goebbels.
Et comme il fallait bien que quelqu'un paye, ce fut aux victimes elles-mêmes - donc aux Juifs allemands - que l'on demanda d'acquitter la facture, sous la forme d'une "amende d'expiation" record d'un milliard de marks (!)
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