... pour le prisonnier de guerre occidental, déjà affamé et épuisé, la jungle birmane et ses pièges représentent une prison dont il est impossible de s'évader.
En vérité, il n'est nul besoin de barbelés et de miradors : sans boussole, sans nourriture, sans médicament, le fugitif éventuel n'a pas la moindre chance de survivre. Et s'il est repris - ce qui arrive parfois - c'est l'exécution sommaire assurée.
Tout du reste est prétexte à punitions, qui peuvent aller jusqu'à la mort. Régis par leur code du Bushido, les soldats japonais n'ont que du mépris, et pas la moindre pitié, pour ces Occidentaux qui ont préféré le déshonneur de la reddition à une mort glorieuse au combat.
Et malheur au prisonnier privé de sa maigre ration, ou trop souvent victime de brimades : déjà malade et à bout de forces, celui-là s'affaiblit très vite, et devient inapte au travail, donc bouche inutile à nourrir.
Dans cet enfer végétal infesté de mouches et de moustiques, et ravagé par le choléra, le tragique le dispute parfois au comique, comme au camp de Chungkai dont le commandant, lassé de voir des myriades de mouches s'y abattre, se met à exiger de chaque prisonnier qu'il lui apporte, à l'appel du soir, son lot quotidien de cent mouches tuées, qui sont scrupuleusement comptées...
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