mercredi 27 juillet 2005

871 - choléra

... en mai 1943, cela fait maintenant presque un an que soixante-quatre mille prisonniers de guerre occidentaux, et plus de deux cent mille coolies indigènes, s'épuisent et meurent pour les 415 kilomètres de voie ferrée qui, à travers la jungle, les rivières et les montagnes, doit relier Bangkok à Rangoon.

Comme il fallait s'y attendre, et malgré une véritable débauche de brutalité, la construction a déjà pris beaucoup de retard, ce qui tombe d'autant plus mal que, dans le Pacifique, les Alliés sont passés à la contre-offensive, forçant petit à petit le Japon à reculer.

Il faut de toute urgence finir le chantier, quel qu'en soit le prix matériel et surtout humain. Suivant le vieux principe des vases communicants, la mauvaise humeur et l'insatisfaction du Haut-Commandement nippon se répercute sur les commandants régionaux, puis locaux, pour aboutir finalement aux gardiens du chantier, qui redoublent aussitôt de brutalité à l'égard de leurs prisonniers-esclaves.

En cette période de mousson, les eaux de la Kwaï se mettent à charrier la boue, les cadavres,... et le choléra, qui se répand comme une traînée de poudre.

Prisonnier de guerre au camp de Sonkurai, George Aspinall écrit : "Ceux qui souffraient du choléra, on les isolait sous deux grandes tentes. Ils restaient là, couchés. Ils n'étaient pas soignés. Quand ils étaient morts, leurs corps étaient entassés dans une grande fosse et on les brûlait. Un bûcher était entretenu en permanence pendant des semaines. Tous les jours, on avait dix, vingt, trente morts à brûler".

Quand le camp de Sonkuraï fermera ses portes, 1 175 des 1 660 prisonniers auront péri...

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