...c'est une histoire de sang et de larmes, une tragédie qui débute le 15 février 1942, lorsque les 100 000 soldats britanniques du général Percival se rendent aux 15 000 Japonais du général Yamashita.
Singapour est tombée, et avec elle les illusions de l'empire britannique. En plus de la Mandchourie, de Formose et d'une bonne partie de la Chine, les Japonais contrôlent désormais Hong-Kong, la Malaisie, les Indes néerlandaises, les Philippines, la Thaïlande et la Birmanie, porte d'entrée vers l'Inde.
Pour acheminer les troupes à travers ce vaste empire, et les ravitailler, pour exporter jusqu'au Japon les richesses des pays conquis, il faut des voies de communication qui, entre la Thaïlande et la Birmanie, ne sauraient être maritimes ou aériennes. Il existe bien des tronçons de chemin de fer ici et là mais, pour finir de rallier Bangkok à Rangoon, il manque plus de 400 kilomètres de voie à construire en pleine jungle, dans des conditions dantesques.
Ces derniers 400 kilomètres, Français et Britanniques en ont rêvé à maintes reprises, avant de renoncer à chaque fois devant l'ampleur de la tâche, les coûts, le manque de rentabilité, et les problèmes de main d'oeuvre.
Pour Tokyo, en revanche, il n'est pas question de renoncer. La volonté politique est là, et deviendra bientôt une obsession. Les coûts importent peu. La rentabilité économique est sans importance. Et la main d'oeuvre est aussi innombrable que gratuite, puisque composée de 200 000 coolies recrutés de force, et de quelque 64 000 prisonniers de guerre britanniques, néerlandais, australiens ou américains qui, dès juin 1942, vont paver de leur sang chaque mètre de ce chemin de fer à voie unique qui, aujourd'hui n'a d'autre intérêt que touristique.
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