... les dictatures se soucient peu de la vie humaine, en particulier de celle des ennemis capturés, et sont toujours friandes de réalisations pharaoniques, telles le percement de canaux et de tunnels, l'édification de murailles, ou la construction de voies de chemin de fer, grosses consommatrices de main d'oeuvre forcée, dont elles usent et abusent à leur guise.
En temps de guerre, le prisonnier d'une pareille dictature perd tout ses droits, et devient un simple outil que l'on peut brutaliser jusqu'à ce qu'il se brise, et jeter ensuite pour le remplacer par un autre n'ayant pas davantage de valeur.
A vrai dire, peu importe la véritable utilité économique - ou plus exactement la rentabilité - de la tâche assignée au prisonnier, pour autant que celle-ci corresponde à une lubie suffisamment défendue en haut-lieu, et qu'elle permette de se débarrasser à moindre frais, par la faim, la maladie, l'épuisement ou les mauvais traitements, des prisonniers excédentaires dont on ne sait que faire et que l'on ne saurait nourrir.
Les Russes avaient les goulags et leurs grands travaux sibériens. Les Allemands, les complexes industriels et leur main d'oeuvre forcée, voire concentrationnaire. Les Japonais eurent tout naturellement leurs grands chantiers de construction, dévoreurs de prisonniers alliés et d'esclaves indigènes.
Le plus connu de ces chantiers - et sans doute le moins rentable de tous - fut un chemin de fer à voie unique, qui devait finir de rallier Bangkok (Thaïlande) à Rangoon (Birmanie) à travers plus de 400 kilomètres de jungle impénétrable.
Ce fut un chantier en tout point pharaonique, qui engloutit des milliers de vies humaines et coûta à un Japon en guerre bien plus qu'il ne lui rapporta jamais.
C'est un chantier que l'on réduit souvent, et abusivement, à un seul ouvrage d'art immortalisé par le cinéma. Un pont qui enjambe une rivière qui devient célèbre grâce à lui..
Le Pont de la Rivière Kwaï
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