samedi 2 juillet 2005

846 - les portes fermées


... de l'Allemagne, George Clémenceau a dit "qu'elle comptait vingt millions d'habitants de trop". Il aurait sans doute pu en dire autant du Japon, dont la population était passée de 30 millions d'habitants au début de la restauration des Meiji (1867) à près de 65 millions en 1930.

Pour nourrir pareille multitude, les agriculteurs japonais ont poussé les rendements à l'hectare jusqu'au maximum possible, mais le pays n'a bientôt plus eu d'autre choix que d'importer des denrées alimentaires, et en particulier du riz, dont les importations vont carrément tripler entre 1910 et 1920.

Dès le début des années 1920, les militaristes japonais se mettent à chercher une issue à cette dépendance de plus en plus criante.

"Il n'y a que trois manières pour le Japon d'échapper aux conséquences de l'excès de population", écrit l'un d'eux. "L'émigration, la conquête des marchés commerciaux, ou l'expansion territoriale. La première porte - l'émigration - nous est fermée depuis le vote de lois anti-migratoire par de nombreux pays étrangers. La seconde se referme à cause des barrières douanières et l'abrogation des traités commerciaux. Que peut faire le Japon lorsque deux de ces trois portes lui sont désormais fermées?" (*)

A l'instar du propagandiste Araki Sadao, plusieurs auteurs font alors opportunément observer que le Japon doit finalement nourrir 65 millions de personnes sur un territoire 40 fois moins étendu que le Canada ou l'Australie, par ailleurs 10 fois moins peuplés. De pareilles disparités, estiment-ils, sont profondément injustes et ne peuvent que justifier les revendications du Japon sur la Chine, ainsi que sa vocation à diriger l'Asie toute entière.

(*) cité par Iris Chang, "The Rape of Nanking, the forgotten holocaust of World War II", page 26

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