... au début des années 1920, l'Américain Billy Mitchell avait démontré, de manière pour le moins percutante, qu'aucun cuirassé - aussi puissant fut-il - aucune ville - aussi éloignée fut-elle - n'était désormais à l'abri des bombes d'avions.
Mais la démonstration de Mitchell impliquait un usage immodéré de la force brute, que la Seconde Guerre mondiale ne fit qu'aggraver. Il fallait en effet de grosses bombes et de fort nombreux avions pour couler un cuirassé, et bien davantage encore pour détruire une ville.
Contrairement à la croyance populaire, il était en effet très difficile d'identifier une cible déterminée du haut des airs, a fortiori la nuit, et absolument impossible de l'atteindre à coup sûr dès le premier coup.
Ce simple constat impliquait la recherche de cibles de très grandes dimensions - donc des villes - et le largage de milliers de bombes, dont quelques unes, statistiquement, finissaient bien par atteindre l'objectif visé. Cela se traduisait hélas par un incroyable gaspillage d'explosifs, et de considérables dommages collatéraux.
Au lendemain de la guerre, la vision de villes entièrement rasées avec parfois, au milieu d'elles, des installations militaires ou industrielles parfaitement intactes, paraissait insupportable à l'opinion.
L'invention de la bombe atomique ne fit qu'aggraver le déficit de légitimité du bombardement stratégique. Gagner la guerre - et la paix - en réduisant les villes en cendres au moyen de centaines d'appareils porteurs de bombes incendiaires, ou d'un seul mais transportant une bombe atomique, s'apparentait en effet à l'usage d'un marteau-pilon pour écraser une noix.
Il devait bien exister une manière plus efficace, et moins meurtrière, de parvenir au résultat recherché.
Restait à la découvrir...
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