... si le missile peut tuer autant, sinon plus, que le bombardier, et s'il n'est pas nécessairement plus précis, il élimine en revanche le "facteur humain", soit la peur, l'indécision ou même le remords, qui nuit à l'efficacité du bombardier.
Dans le cockpit de son avion, le "master bomber" aperçoit encore la cible qui se découpe dans le réticule du viseur, et imagine les gens qui vivent en dessous de lui. Dans son bunker, le technicien qui lance le missile ne voit qu'un point sur une carte, un cap et une vitesse, une longitude et une latitude, des coordonnées GPS.
Il est plus facile de tuer les gens qu'on ne voit pas.
C'est la guerre "presse-boutons", une guerre que les Allemands - encore eux - ont inventée avec leurs fusées V1 et V2. La V1 emporte 800 kilos d'explosifs à 600 kms/h sur environ 300 kilomètres. Pas plus précise, la V2 offre des capacités similaires, mais se déplace à plusieurs fois la vitesse du son, ce qui la rend invulnérable.
Sans surprise, c'est vers les fusées V1 et V2 que les vainqueurs de l'Allemagne se sont précipités dès la fin de la guerre, les évacuant par trains entiers, puis par bateaux, afin de les évaluer, de les reproduire, puis de les améliorer dans la perspective de garantir la paix, fut-ce au prix d'une nouvelle guerre.
Les premières donneront finalement naissance aux missiles de croisière, les secondes aux missiles balistiques intercontinentaux (ICBM), toujours en service aujourd'hui et capables de foudroyer le monde en quelques minutes...
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