dimanche 5 juin 2005

819 - la doctrine MAD

... lorsqu'il entre en service, au milieu des années 1950, l'octoréacteur Boeing B52 semble déjà appartenir à une époque révolue. En dehors des Américains et (quoique dans une moindre mesure) des Russes, personne ne croit plus en ces gros bombardiers stratégiques aussi ruineux que vulnérables aux chasseurs à réaction et, bientôt, aux missiles anti-aériens.

Avec l'augmentation vertigineuse de la puissance des armements nucléaires (la première bombe à hydrogène, d'une puissance de 10 Megatonnes d'équivalent TNT - près de 1 000 fois celle d'Hiroshima - a explosé le 1er novembre 1952), avec leur miniaturisation sans cesse croissante (ils tiendront bientôt dans une simple valise), et, surtout, avec l'apparition imminente des missiles intercontinentaux (les premiers Polaris, lancés depuis des sous-marins en plongée, seront testés en novembre 1960), à quoi disposer et entretenir d'énormes flottes de bombardiers intercontinentaux, qui se relayent dans le ciel 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 ?

L'Angleterre - avec ses Canberra puis ses Vulcan - et la France - avec ses Mirage IV - ont ouvert la voie vers des appareils plus petits et moins nombreux. Une approche que les Strategic (SAC) et Tactical Air Command (TAC) américains condamnent d'autant moins qu'ils ont eux-mêmes - avec les Convair B58 "Hustler", puis F111, B1 et B2 actuels - commandé et mis en oeuvre des appareils semblables.

Il n'empêche que pendant plus d'une génération, ce seront les "vieux" B52 qui incarneront au mieux la dissuasion nucléaire dans son ensemble, ou plus exactement la doctrine MAD, pour "Mutual Assured Destruction". MAD se traduit également par fou, et la "destruction mutuelle assurée" se passe à vrai dire de commentaires. La Paix repose en effet sur l'impossibilité-même de la guerre, qui détruirait à coup sûr les deux protagonistes, voire l'Humanité toute entière, dans un affrontement où il n'y aurait cette fois ni vainqueur ni vaincu.

Mais uniquement des morts.

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