jeudi 26 mai 2005
809 - la voie du sacrifice
... à elle seule, la tragédie de Stalingrad illustre la débâcle inéluctable du transport aérien allemand, et bientôt de l'Allemagne elle-même.
Conçu à la fin des années 1920, totalement obsolète dès 1939, le trimoteur Junkers 52 constituait encore - avec quelques rares et très fragiles Focke-Wulf 200 "Condor" - l'essentiel d'une flotte d'avions de transport qui ne s'était jamais véritablement remise de la Campagne de Hollande, lorsque plusieurs centaines de Ju-52 s'étaient brisés à l'atterrissage dans les polders inondés.
Trop lent, trop exigu, trop vulnérable, le disgracieux Junkers aurait déjà dû être remplacé depuis longtemps lorsque la Vième armée du Général Paulus se retrouva encerclée à Stalingrad. Pour de pures raisons de prestige, et contre l'avis de ses généraux, Hitler donna l'ordre de tenir la ville plutôt que de battre en retraite quand c'était encore possible. Il est vrai que le propre chef de la Luftwaffe, le très immodeste Hermann Goering, s'était engagé à ravitailler par la voie des airs les 300 000 soldats allemands bloqués dans la poche.
Mais pour ravitailler ces 300 000 hommes, il aurait fallu transporter 600 tonnes de munitions, de nourriture et d'équipements divers chaque jour. En grattant les fonds de hangars, en transformant en avions-cargo improvisés tous les bombardiers disponibles, on parvint péniblement, les premiers jours, à rassembler 400 avions. Mais comme il n'y en eut jamais plus de 150 opérationnels en même temps, il fut impossible, par beau temps et en dehors de toute intervention de la chasse ou de la DCA soviétiques, de transporter plus de 289 tonnes par jour.
Le 31 janvier 1943, ce fut la fin. Sur les quelque 300 000 soldats allemands qui s'étaient présentés devant Stalingrad, 210 000 étaient morts de froid, de faim, d'épuisement, ou sous la mitraille russe. Et sur les 90 000 soldats faits prisonniers et internés dans des conditions véritablement inhumaines, seuls 5 000 revirent finalement l'Allemagne,... dix ans après la fin de la guerre.
Quant à la Luftwaffe, elle avait perdu, sur cette simple obsession hitlérienne, 800 appareils et plus de 2 500 aviateurs et mécaniciens.
Ce fut le début de la fin du "Reich de Mille ans"...
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