mercredi 18 mai 2005

801 - camouflé... mais pas trop

... "par deux fois, dans le mauvais temps, mes yeux m'ont trahi", raconta Erich Hartmann, "experten uber alles" avec 352 victoires... qu'il se reconnaissait (*). "J'ai attaqué et descendu des avions, mais ce n'est que pendant leur chute que j'ai distingué les croix allemandes sous leurs ailes. Bien entendu, à l'époque, je n'ai rien dit, autour de moi de moi, de ces erreurs".

En combat aérien, rien ne ressemble en effet plus à un avion ennemi qu'un avion ami, a fortiori lorsqu'il est recouvert de peintures de camouflage. Avant la généralisation des transpondeurs (ou IFF), reconnaître l'ami de l'ennemi, et en une fraction de seconde, ne dépendait en vérité que du talent - ou de la fatigue - du pilote.

Si les pilotes allemands n'éprouvaient aucune difficulté à reconnaître dans tout quadrimoteur un appareil allié, les pilotes alliés, eux, peinaient souvent à distinguer un Typhoon anglais ou un Thunderbolt américain d'un Focke-Wulf 190 allemand. Quant aux artilleurs de la défense anti-aérienne, ils canonnaient indistinctement tout ce qui passait à portée de leurs pièces, et ce dans les deux camps.

Il en résulta un nombre incalculable d'accidents tragiques, comme lors de l'opération Bodenplatte (1er janvier 1945), lorsque les artilleurs de la Flak allemande abattirent par erreur plusieurs dizaines de leurs propres avions... qui avaient décollé dans le plus grand secret pour bombarder les aérodromes alliés de Hollande et de Belgique.

En prévision du débarquement de Normandie, les Alliés innovèrent néanmoins, en imposant l'application sur tous les avions de bandes noires et blanches dites "d'identification rapide", qui s'avérèrent si efficaces que bon nombre d'entre eux les portaient encore des semaines après l'évènement.

Bénéficiant d'une supériorité aérienne écrasante, la nécessité de dissimuler leurs appareils aux regards ennemis n'avait il est vrai plus autant d'importance...

(*) le palmarès réel des "experten" de la Luftwaffe a toujours fait l'objet de controverses passionnées. Celui de Hartmann n'y fait pas exception : 352 victoires pour les uns, 80 seulement pour les autres

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