vendredi 13 mai 2005

796 - l'assaillant invisible

... pour échapper aux avions et aux missiles ennemis, on peut certes tenter de voler plus vite et plus haut qu'eux. Mais la meilleure manière reste encore de se rendre sinon invisible, du moins difficilement détectable.

Logique de l'action-réaction oblige, les recherches visant à réduire la "signature radar" des avions furent entreprises dès la mise en oeuvre des premiers radars. Construit presque entièrement en bois, le célèbre De Havilland "Mosquito" constitua un des premiers exemples - quoique fortuit - de ce que l'on appelle aujourd'hui un "avion furtif".

Les progrès enregistrés dans cette discipline furent néanmoins fort lents, et s'appuyèrent en priorité sur des dispositifs dits "de contre-mesures électroniques", ou de "brouillage". Plutôt que de chercher à rendre l'avion véritablement invisible au radar, il s'agissait en gros d'aveugler le radar lui-même, en le noyant sous les échos parasites, comme les Britanniques le firent dès 1943, en larguant des milliers de bandelettes d'aluminium qui saturaient les écrans radars.

En fait, il fallut attendre le milieu des années 1970 pour que les ingénieurs de la division "Skunk Works" de Lockheed - qui avaient déjà créé les U2 et autres SR71 - s'attaquent véritablement à la réduction de la "Signature Équivalent Radar" (SER) d'un appareil de combat.

Avec le Lockheed F117, ou l'aile volante Northrop B2), les Américains parvinrent ainsi à réduire le SER de leurs créations à l'équivalent, vu de face, d'une bille en aluminium, alors que le bombardier B52 - figure emblématique de la Guerre du Vietnam et conçu à la fin des années 1940 - présentait (et présente toujours), vu de face, la SER d'une sphère de... 50 mètres de diamètre (!)

Mais en aéronautique comme ailleurs, le mieux est souvent l'ennemi du bien. En dehors de leur coût faramineux (un Northrop B2 vaut plus de 2 milliards de dollars), les avions réellement "furtifs" volent plutôt mal, sont trop "exotiques", trop difficiles à entretenir, et trop spécialisés pour espérer les voir devenir un jour la norme en matière d'avions de combat.

En appliquant leurs acquis techniques sur des appareils de conception et de formes finalement plus classiques (comme le Rafale ou le futur F35), il est désormais possible de conserver les capacités opérationnelles des avions d'autrefois tout en leur offrant une "furtivité raisonnable" : le futur F35 aurait ainsi la SER d'une balle de golf.

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