jeudi 5 mai 2005

788 - surréalisme

... la très faible durée de vie des chasseurs conventionnels, de leurs moteurs, et même de leurs pilotes, conduisit les ingénieurs allemands sur la voie des solutions radicales, pour ne pas dire surréalistes.

A quoi bon effet s'échiner à perfectionner les avions et à entraîner les pilotes, si l'espérance de vie des appareils en situation de combat ne dépassait pas 50 heures; celle des moteurs, 25 heures; et celles des pilotes, une demi-douzaine de missions en moyenne ? Autant construire simple, léger et le plus économique possible. Et autant se contenter de jeunes-gens n'ayant que quelques heures d'expérience du pilotage.

Ainsi naquit le Bachem "Natter", sorte d'avion-fusée (très) vaguement piloté et lancé à la verticale le long d'une rampe de lancement, elle-même placée sur le trajet des bombardiers alliés qu'il était censé détruire avec ses 24 ou 33 roquettes placées dans le nez. Cette importante mission patriotique accomplie, le "pilote" devait actionner un levier qui, en sectionnant l'appareil en deux parties au niveau du poste de pilotage, lui permettait, du moins en principe, de s'en extraire grâce à un parachute,... aucune autre procédure d'atterrissage n'ayant été prévue. Une trentaine d'essais, quelques uns pilotés, eurent lieu jusqu'en avril 1945, lorsque l'irruption des troupes alliées dans l'usine et sur les sites de lancement renvoya définitivement l'épopée du Natter aux oubliettes de l'Histoire dont il n'aurait jamais dû sortir...

Tout aussi surréaliste fut le "planeur de chasse" Blohm Und Voss BV40. Partant du principe que la surface frontale d'un avion de chasse offrait une trop belle cible aux mitrailleuses des bombardiers, le docteur Vogt (*) eut l'idée de la réduire au minimum, en couchant le pilote dans l'habitacle, et même... en supprimant le moteur !

Planeur pur et tout en bois (à l'exception du cockpit blindé), le BV40 devait atteindre son altitude de combat à la remorque d'un Messerschmitt 109, dont il se détacherait ensuite, avant de fondre sur les bombardiers ennemis, qu'il était censé abattre grâce à ses deux canons de 30mm et un viseur simplement peint sur la verrière.

Plusieurs prototypes furent réalisés et testés... jusqu'à ce qu'on se rende compte, après 30 000 heures de travail et près d'un an de développement, que la présence permanente d'une multitude d'escorteurs alliés dans le ciel allemand empêcherait de toute manière le Messerschmitt et son planeur de se positionner à proximité des bombardiers...

Le programme fut abandonné sine die.¸

(*) outre ses travaux sur les hydravions géants, le flamboyant docteur Vogt passa pour ainsi dire toute la guerre à concevoir des avions sans aucune valeur militaire...

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