mardi 5 avril 2005

758 - les Dambusters

...dans la nuit du 16 au 17 mai 1943, l'ordre est enfin donné de recourir aux "Dambusters" et de s'en prendre aux barrages qui régulent et alimentent le bassin industriel de la Rühr.

Due au génial Barnes Walis - également auteur des bombes Tallboy et Grand Slam - et accrochée sous le ventre d'un bombardier Lancaster spécialement modifié, la Dambuster est un cylindre rempli de quatre tonnes d'explosifs, qu'un moteur électrique entraîne à 450 tours/minutes avant son lancement au dessus du plan d'eau, sur lequel elle ricoche à plusieurs reprises, ce qui lui permet de "sauter" les filets de protection qui protègent le barrage contre toute attaque à la torpille. Parvenue au but, la bombe coule ensuite le long du mur, contre lequel elle explose à une profondeur d'environ dix mètres.

L'escadrille qui s'en prend au barrage de la Sorpe échoue dans sa mission, et est presque entièrement anéantie. Celle destinée aux ouvrages de la Möhne et de l'Eder a plus de chance. La destruction du barrage de l'Eder provoque un gigantesque raz-de-marée de neuf mètres de haut et de cent-soixante millions de mètres cubes d'eau, qui tue 1 300 civils et engloutit des villages entiers sur son passage.

Les dégâts matériels et humains sont énormes mais restent pourtant bien en deçà des espérances britanniques. Seule la destruction simultanée du barrage de la Sorpe aurait en effet pu provoquer la paralysie totale de la Rühr. Au lieu de cela, et en quelques semaines, des dizaines de milliers d'ouvriers vont réparer les ponts et les infrastructures. Fin septembre, le barrage de l'Eder est rebâti. Puis vient le tour de celui de la Möhne.

Demi-succès ou demi-échec, la destruction des barrages de la Rühr ouvre néanmoins de nouvelles perspectives au bombardement stratégique en démontrant qu'à la condition d'y consacrer suffisamment de temps et d'argent, il est désormais possible de frapper des cibles précises, au mètre-près, très loin derrière les lignes ennemies, plutôt que de les ensevelir sous des centaines de bombes conventionnelles, en espérant que l'une d'elles finisse par faire mouche.

Confrontés des années plus tard au problème des grands ponts vietnamiens en treillis, les Américains retiendront la leçon britannique, et finiront eux aussi par développer des bombes spécialisées - les premières bombes à guidage laser - qui, bien qu'extraordinairement coûteuses, s'avéreront infiniment plus efficaces et économes en vies humaines que la traditionnelle force brute de milliers de tonnes d'explosifs...

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