dimanche 25 juillet 2004

504 - "Fichez le camp !"

... Navigant en surface en ce 6 mai 1915, le sous-marin U-20 a dépassé Queenstown et continue sa route au sud-ouest. Il aperçoit soudain un vapeur qui se dirige dans sa direction. Deux mats, quatre cheminées. Manifestement c'est un grand paquebot qui avance rapidement. Il faut faire vite. Postes de plongée, immersion à 11 mètres et vitesse maximum.

Dans le périscope, le capitaine Schwieger devine la silhouette du navire qui se rapproche de plus en plus. Pas question de prévenir sa victime : la côte est trop proche et toute la Royal Navy serait sur lui en quelques minutes... Schwieger est un soldat et un soldat exécute les ordres !

Alors il y va !. Un dernier regard sur la cible, 700 mètres, la torpille jaillit, encore quelques secondes…

14H08, une gigantesque explosion. "Touché !", des débris sont projetés à des centaines de mètres. C'est sans doute trop pour une seule torpille...

Pour se disculper, les Allemands affirmeront par la suite que le navire transportait secrètement des munitions pour l'Angleterre, ce qui, au demeurant était... exact, même s'il ne s'agissait que de quelques dizaines de caisses de fusils et de munitions.

Sur la passerelle du paquebot, le Commandant Turner s'efforce désespérément de lancer son bâtiment sur les hauts fonds tout proches, afin de l'échouer. Mais l'eau s'engouffre trop rapidement, le Lusitania s'enfonce par l'avant. Il va couler en moins de 18 minutes !

Sur le pont, la panique est totale, les gens hurlent, se bousculent vers les canots de sauvetage, périssent écrasés sans pouvoir les atteindre. "Les femmes et les enfants d'abord", mais tout va trop vite...

Du reste, Le naufrage est si rapide que les marins ont à peine le temps de mettre quelques canots à la mer. Les opérateurs radios envoient SOS sur SOS. "Fichez le camp !" leur crie-t-on.

Ils resteront à leur poste, jusqu'à la fin, et couleront avec leur navire, en cette époque où le devoir et l'héroïsme ont encore un sens, et où l'on sait encore mourir avec classe. Quarante ans plus tard, on verra les marins de l'Andrea Doria abandonner leurs passagers et se précipiter les premiers dans les canots de sauvetage...

O tempora o mores

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bonjour et bravo pour votre blog..."Quelques caisses de munitions" c'est un understatement, une litote très britannique:
Le Manifeste du Lusitania (liste des marchandises) n'a été déclassifié qu'en 1972: il mentionnait 5258 caisses d'obus, 4927 Boîtes de 1000 cartouches et 2000 caisses de munitions pour armes de poing...mais c'est la partie émergée de l'icberg (quel jeu de mots titanique!)
Il y avait aussi 323 "ballots de fourrure" destinés à la société Babcock (qui est un grand consortium d'ingéniérie et était à l'époque spécialisée dans les chaudières , avant de construire des centrales atomiques....et ne fabriquait pas de manteaux de fourrure) ...

Il est probable qu'il s'agissait de fulmi-coton , un explosif puissant qui a inspiré l'humoriste Alphonse Allais .
(un de ses contes met en scène un chimiste renommé qui profite d'une lessive pour transformer en fulmi-coton les robes d'été de sa belle-mêre et la faire exploser avec une loupe pendant sa sieste au soleil...)

Il y aurait également eu 3863 "boîtes de fromage" (sic) de 20 kilos chacune destinée à un mystérieux correspondant qui s'est avéré être le surintendant de l'arsenal naval de Shoeburyness (et dire que les anglais font les dégoûtés quand on leur parle des fromages français...bon sang mais c'est bien sûr!, ils préfèrent le fromage améicain! et en commandent pas moins de 75 tonnes d'un coup!)....Tout cà (source Wikipedia) fait beaucoup d'explosifs, de quoi faire un sacré feu d'artifice...

Mais il est probable que la cause réelle du naufrage, soit une explosion des chaudières , soit d'une soute à charbon grisouteuse (située sur les flancs du navire , autour des compartiments machines car le point d'impact de la seule et unique torpille était nettement en arrière des cales à marchandises.