lundi 12 juillet 2004

491 - chronique d'un désastre annoncé

... en décembre 1941, le Japon était parti en guerre pour s'approprier les matières premieres et le pétrole indispensables à son expansion.

Ayant conquis en quelques mois, et au prix de pertes finalement légères, les Indes néerlandaises, le Sud-Est asiatique et une bonne partie du Pacifique jusqu'à l'Australie, il ne lui restait plus maintenant qu'à exporter en métropole le fruit de ses rapines. Un fruit certes gratuit mais à qui il fallait néanmoins faire traverser l'océan en pleine guerre et alors que la marine commerciale japonaise du temps de paix suffisait à peine à la tâche.

Pire encore, empêtrés dans leur logique du Bushido et leur conception strictement offensive de la guerre sur mer, les Japonais avaient complètement négligé de construire des escorteurs, pour ne s'intéresser qu'à leurs seuls grands bâtiments de guerre, persuadés que ces derniers seraient également les seules cibles à intéresser les sous-marins américains (!)

Un tel aveuglement ne pouvait évidemment que conduire à la catastrophe : en quelques mois, les sous-marins américains parvinrent bel et bien à couper les lignes d'approvisionnement japonaises sans que la marine de guerre nippone soit en mesure de les en empêcher.

En fait, la faiblesse des mesures de défense japonaises était telle que les sous-marins américains opérèrent généralement en surface, et souvent au canon, afin de pallier à l'exécrable qualité de leurs propres torpilles.

Les Japonais ne comprirent que fort tard l'impérieuse nécessité de grouper leurs navires de commerce en convois, comme le faisaient les Britanniques contre les sous-marins allemands depuis le début de la guerre. Et quant ils s'y résolurent, fin 1943, ils ne disposèrent de toute manière pas, à la différence de la Grande-Bretagne, d'une flotte d'escorteurs spécialisés dans la lutte anti sous-marine

Dépourvus de radar, les très rares escorteurs japonais étaient incapables de repérer les sous-marins américains avant qu'ils ne passent à l'action, et lorsqu'ils parvenaient néanmoins à les repousser, ils n'étaient de toute façon pas en mesure de les empêcher de se replacer en position d'attaque sur la route d'un convoi que eux retrouvaient sans difficulté quelques heures ou quelques jours plus tard, grâce à leur propre radar (!)

Toutes les conditions étaient donc réunies pour transformer le Pacifique en gigantesque parc à ferrailles de navires japonais

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