lundi 21 juin 2004

470 - après Leni

... la mort, en septembre 2003, de la plus célèbre artiste du Troisième Reich, Leni Riefenstahl, n'a pourtant pas mis un terme à la querelle qui, depuis 60 ans, divise la communauté artistique et culturelle.

Alors que la plupart des artistes allemands, et particulièrement les Juifs, quittèrent volontairement l'Allemagne dès les premières années du nazisme, d'autres s'accrochèrent et mirent leur talent, et parfois leur génie, au service d'une idéologie ouvertement raciste et xénophobe, qui envoyait des millions de personnes au Front ou dans les camps de concentration.

Dès mai 1933, étudiants et activistes nazis se mirent à brûler publiquement les livres de Marx ou Freud, les romans de Thomas Mann, Stefan Zweig ou Erich Maria Remarque. Des artistes juifs comme Max Reinhardt ou Kurt Weill furent déchus de leur citoyenneté, et frappés d'interdiction professionnelle.

Dans toute l'Allemagne, des centaines d'écrivains, de comédiens, d'artistes, prirent le chemin de l'exil. Sur les plateaux de cinéma allemands, on vit disparaître Fritz Lang, Billy Wilder, Max Ophüls ou Peter Lorre. On vit aussi, et surtout, la grande Marlène Dietrich interdite de projection en Allemagne, où elle avait refusé de revenir, malgré les demandes pressantes d'un régime qui lui offrait pourtant cachets mirobolants et scénarios sur mesure.

Malgré cette véritable hémorragie de talents, il ne manqua jamais de peintres ni de sculpteurs pour exalter l'idéologie nazie, de réalisateurs ni d'acteurs pour distraire le peuple, y compris durant les heures les plus sombres de la guerre. Et si la plupart n'étaient que de pauvre tâcherons, qui passèrent aux oubliettes de l'Histoire dès la
chute du Troisième Reich, certains, comme Leni Riefenstahl, continuèrent leur petit bonhomme de chemin, tandis que d'autres, comme Arno Breker laissèrent d'authentiques regrets, et la plupart de leurs oeuvres, sous les chenilles des bulldozers alliés qui, pour "expurger le nazisme" ne firent que reproduire les autodafés et destructions des nazis eux-mêmes...

3 commentaires:

Anonyme a dit...

Bonjour!
Votre focus est sur la période de la seconde Guerre Mondiale mais il me semble qu'il aurait été utile d'évoquer l '"Avant Guerre" de la Dame en question ; En effet Leni Riefenstahl a connu plusieurs vies avant 1939 , Tout d'abord danseuse classique (une des "espoirs" plus douées de sa génération) elle doit se reconvertir dans le cinéma à la suite d'une fracture qui la handicape.
Elle se spécialise dans un genre et un rôle bien précis et un genre de film très allemand :

Les américains ont le Western (et Gary Cooper) Les Italiens ont les péplums (avec Clara Calamaï) et les comédies bourgeoises "Telefoni Bianchi" (avec Doris Duranti -maîtresse du ministre fasciste Pavolini) , diva du régime...qui rivalise avec la précédente à coups arguments mammaires à damner un archevêque , La Calamai et la Duranti se disputant la gloire d'avoir tourné la première scène "seins nus" du cinéma italien.

Les Allemands, eux, ont le genre bien spécialisé du film "de montagne" (la montagne et ses neiges comme métaphore de la pureté de la race...et tant pis pour la consanguinité et les effets dûs à l'eau trop pure , peu minéralisée qui induit le goître des "crétins des Alpes") et son corollaire inévitable la-pure-et-innocente-jeune -fille-des-montagnes comme héroïne incontournable et romantique (en version paysanne ou en version alpiniste sportive, il faut bien varier un peu les scénarios).
Avant de passer derrière la caméra Leni Riefenstahl exploitera et usera ce filon jusqu'à la corde, le sommet du genre étant un semi navet mélodramatique à grand spectacle "lEnfer Blanc du Piz Palü" où le flamboyant aviateur Ernst Udet (futur ministre du Reich) joue les Deus ex Machina du haut de son coucou en sauvant la Pure Jeune Fille Des Montagnes .

Il s'y révèle que la jeune personne a du cran, car la scène d'avalanche , très réellement dangereuse, fut tournée absolument sans trucages et à grand risques physiques pour les acteurs (une constante dans le cinéma Allemand, De Fritz Lang au tandem Klaus Kinski/Werner Herzog et le très meurtrier tournage du film Fitzcarraldo en Amazonie).

Elle passe ensuite derrière la camera , de fil en aiguille et d'Udet en Goering et de Goering en Goebbels devient la cinéaste officielle du régime nazi (Triomphe de la volonté , un monument de propagande documentaire sur le Kolossal meeting nazi de Nurenberg , puis "Les Dieux du Stade" glorification des Jeux Olympiques de Berlin avec d'innombrables scènes à l'esthétisme "grec" qui firent beaucoup souffrir les figurants car tournées en extérieur et rigoureusement à poil ou extrêmement peu vêtus de légers draps blancs...durant le rigoureux hiver 1936.... histoire d'avoir "mis en boîte" les visions artistiques de Dame Leni avant d'ajouter les séquences de reportage tournées pendant les épreuves sportives de l'été ....

Anonyme a dit...

Bonjour!
Votre focus est sur la période de la seconde Guerre Mondiale mais il me semble qu'il aurait été utile d'évoquer l '"Avant Guerre" de la Dame en question ; En effet Leni Riefenstahl a connu plusieurs vies avant 1939 , Tout d'abord danseuse classique (une des "espoirs" plus douées de sa génération) elle doit se reconvertir dans le cinéma à la suite d'une fracture qui la handicape.
Elle se spécialise dans un genre et un rôle bien précis et un genre de film très allemand :

Les américains ont le Western (et Gary Cooper) Les Italiens ont les péplums (avec Clara Calamaï) et les comédies bourgeoises "Telefoni Bianchi" (avec Doris Duranti -maîtresse du ministre fasciste Pavolini) , diva du régime...qui rivalise avec la précédente à coups arguments mammaires à damner un archevêque , La Calamai et la Duranti se disputant la gloire d'avoir tourné la première scène "seins nus" du cinéma italien.

Les Allemands, eux, ont le genre bien spécialisé du film "de montagne" (la montagne et ses neiges comme métaphore de la pureté de la race...et tant pis pour la consanguinité et les effets dûs à l'eau trop pure , peu minéralisée qui induit le goître des "crétins des Alpes") et son corollaire inévitable la-pure-et-innocente-jeune -fille-des-montagnes comme héroïne incontournable et romantique (en version paysanne ou en version alpiniste sportive, il faut bien varier un peu les scénarios).
Avant de passer derrière la caméra Leni Riefenstahl exploitera et usera ce filon jusqu'à la corde, le sommet du genre étant un semi navet mélodramatique à grand spectacle "lEnfer Blanc du Piz Palü" où le flamboyant aviateur Ernst Udet (futur ministre du Reich) joue les Deus ex Machina du haut de son coucou en sauvant la Pure Jeune Fille Des Montagnes .

Il s'y révèle que la jeune personne a du cran, car la scène d'avalanche , très réellement dangereuse, fut tournée absolument sans trucages et à grand risques physiques pour les acteurs (une constante dans le cinéma Allemand, De Fritz Lang au tandem Klaus Kinski/Werner Herzog et le très meurtrier tournage du film Fitzcarraldo en Amazonie).

Elle passe ensuite derrière la camera , de fil en aiguille et d'Udet en Goering et de Goering en Goebbels devient la cinéaste officielle du régime nazi (Triomphe de la volonté , un monument de propagande documentaire sur le Kolossal meeting nazi de Nurenberg , puis "Les Dieux du Stade" glorification des Jeux Olympiques de Berlin avec d'innombrables scènes à l'esthétisme "grec" qui firent beaucoup souffrir les figurants car tournées en extérieur et rigoureusement à poil ou extrêmement peu vêtus de légers draps blancs...durant le rigoureux hiver 1936.... histoire d'avoir "mis en boîte" les visions artistiques de Dame Leni avant d'ajouter les séquences de reportage tournées pendant les épreuves sportives de l'été ....

Anonyme a dit...

Des goûts et des couleurs il ne faut point discuter (dit-on) mais bon, franchement... Arno Breker (et son prédécesseur Joseph Thorak, que les milieux artistiques allemands appelaient facétieusement Joseph Thorax à cause de son gout immodéré pour ses statues athlétiques un peu trop développées du buste pour refléter les authentiques proportions humaines) ....comment dire ??? Il y avait sans doute comme un brin de lassitude après la 2° Guerre Mondiale.

Ils représentaient un courant assez académique, plus proche de la statuaire classique gréco-latine revisitée par le réalisme socialiste soviétique que des courants plus modernes qui s'étaient fait jour dans les premières décennies du XX° siècle...

Le côté un brin Kolossal, un brin Surhomme nazi, de ces statues héroïsées est sans doute la raison pour laquelle bon nombre de ces statues , vues comme un art officiel du nazisme, ont été ridiculisées (au mieux) et passées au bulldozer ou dynamitées (au pire )...quelque part le monde artistique de l'après guerre et le public en général avaient envie d'autre chose que de l'héroïsme grandiloquent des faiseurs d'art officiels du III° Reich.

Leur faveur officielle pendant les années nazies , leur image d'art officiel (opposé à l'art "dégénéré" qui fut persécuté les a bien entendu desservies et pas qu'un peu...Par comparaison , Mussolini en Italie , a laissé presque tous les courants artistiques -notamment architecturaux) s'exprimer (il faut dire que le pape du courant futuriste Filippo Tommaso Marinetti avait pris fait et cause pour le fascisme) et n'a jamais persécuté les artistes qui n'avaient pas la gfaveur de lui plaire