vendredi 4 juin 2004

453 - la pensée-même du Führer

... avant de gazer les Juifs, l'Allemagne nazie s'était pour ainsi dire
"entraînée" sur le dos des handicapés physiques et mentaux allemands.

Une pétition adressée à Hitler par le père d'un enfant lourdement handicapé avait un jour amené le Führer à autoriser son médecin personnel, Karl Brandt, à accéder à la demande du père.

Devant l'absence de réactions des autorités civiles et religieuses, une véritable logistique d'euthanasie à grande échelle fut finalement mise en place. Partout en Allemagne, des médecins dressèrent des listes de patients à "traiter".

En octobre 1939, sur un simple ordre purement verbal du Führer, plus de 70 000 infirmes et malades mentaux purent alors être assassinés dans le but déclaré de "purifier la race aryenne".

Et lorsque certaines voix s'élevèrent pour réclamer au moins un ordre écrit, Hitler se contenta, dans la meilleure tradition des Rois de France, d'un vague mandat de quelques lignes, rédigé sur son papier à en-tête personnel, et antidaté au 1er septembre 1939, date du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.

En Allemagne, la Loi était désormais supplantée par le décret ou, mieux encore, par "l'ordre personnel du Führer", que les gauleiters et responsables locaux interprétaient ensuite de manière aussi vague que personnelle.

Le summum de l'ubuesque fut atteint en 1942, lorsqu'Hitler lui-même ajouta à ses fonctions de chef d'État et de chef suprême des armées le titre tout aussi ronflant de "Oberster Gerichtsherr", ou "chef suprême de la Justice", cumulant ainsi tous les pouvoirs.

Et comme il ne pouvait donner tous les ordres en personne, et encore moins veiller à leur application concrète sur le terrain, la délégation fut érigée en véritable système de gouvernement.

A une vitesse hallucinante, un État moderne s'était transformé en une gigantesque pétaudière maffieuse, où des hordes d'arrivistes s'efforçaient à présent de conquérir une minuscule parcelle de Pouvoir pour l'appliquer ensuite à leur seul profit, tout en s'efforçant de traduire les ordres, pour ne pas dire la pensée-même, du Führer...

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