mercredi 11 juin 2003

100 - les gnomes de Berne

... de 1939 à 1945, l'Allemagne nazie avait fait blanchir en Suisse plus de deux milliards de francs suisses d'or volé dans les banques centrales d'une quinzaine de pays de l'Europe occupée.

Le 25 mai 1946, réunis à Washington,les Alliés victorieux de l'ogre nazi capitulèrent néanmoins devant le nain helvétique. Alors que les 210 tonnes d'or volé en Belgique et échangé en Suisse valaient à eux seules un milliard de francs suisses, ils se contentèrent, pour solde de tout compte, d'un chèque de 250 millions de francs, que la Suisse versait en tant que "contribution à la reconstruction de l'Europe".

Quant aux dizaines de tonnes d'or hollandais, italien, albanais et autres, qui pendant des années s'étaient amassées dans les coffres-forts de Berne, nul n'en entendit plus jamais parler.

Mais cette victoire inattendue, et à dire vrai inespérée, ne satisfaisait pourtant ni les banquiers suisses (qui espéraient l'impunité), ni le chef de la délégation suisse, le ministre Walter Stucki (qui alla jusqu'à traiter un des négociateurs américains de "petit youpin en culottes courtes"), ni la Presse de droite (qui fit ses gros titres du "droit du plus fort" et compara cette "défaite de la Suisse" à celle de Marignan, en 1515).

En juin 1946, les deux chambres du Parlement furent convoquées en session extraordinaire afin de ratifier l'accord. A cette occasion, plusieurs députés stigmatisèrent ce traité "honteux", où "la force l'avait emporté sur le droit", la "plus profonde humiliation infligée à la Confédération depuis le début de son existence".

La plupart, toutefois, ratifièrent l'accord, jugeant plus sage de songer aux affaires que l'on pourrait conclure avec les Alliés maintenant que l'on ne pouvait plus les conclure avec l'Allemagne nazie

3 commentaires:

Anonyme a dit...

Quel brio pour une si petite nation, complètement dépassée militairement, méprisée sur le plan international par ses grands voisins belliqueux et cernée par de puissantes armées désireuses d'en découdre, qui plus est située au carrefour de l'europe, d'avoir su trouver le moyen de conserver la souveraineté de son sol, la liberté de ses citoyens et la force de sa petite économie.
Oui la Suisse a sû tirer son épingle du jeu, opportunistes jusqu'au bout, usant des maigres leviers dont elle disposait pour amener les grands de ce monde à écouter sa voix.
La Suisse neutre a joué sur tout les plans, tiraillée par les aspirations nationale-socialiste de sa partie germanique tandis que les latins en tempéraient les ardeurs.
Mais si la Suisse faisait partie du camp des méchants, pourquoi n'a elle pas été envahie ni bombardée? Pourquoi l'a-t'on laissée imposée ses vues en 1946, pourquoi l'a-t'on laissé poursuivre ses exportations d'armes vers l'allemagne jusqu'en mars 1945?
Peut-être que les nazis n'étaient pas les seuls a avoir quelque chose a cacher en suisse, et peut-être que la suisse détenait des informations bien trop gênantes sur les vainqueurs d'alors pour que ces derniers prennent le risque de les voir révélés sur la place publique en traitant la suisse comme un pays vaincu...
Mais l'Histoire est écrite par les vainqueurs, alors Vae Victis quoi qu'il se soit passé n'est-ce pas?

fido a dit...

Bonjour, pourquoi je n'arrive plus à afficher les premiers billets de cet article "du bonheur d'être Suisse". J'avais tant de plaisir à le faire lire à mes amis suisses...

Anonyme a dit...

Ce qui est certain dans cette histoire, c'est la prospérité suisse de l'après guerre, grâce à l'investissement des capitaux assez mal acquis;

Le très anti-Nazi, très à gauche et très malicieux chansonnier-Poète Jean Villard (dit Gilles) auteur des "trois cloches" rendues célèbre par Edith Piaf et les Compagnons de la chanson et aussi d'une des premières chansons "engagées" (Dollar) a écrit au début des années 50 un poème-chanson intitulé "la haute conjoncture" qui décrit l'étonnement d'un brave suisse vaudois revenant dans sa ville natale de Lausanne et qui, mieux que toute statistique officielle, décrit le boom financier , les banques qui poussent comme des champignons et sa ville, mi provinciale, mi universitaire, qui se transforme à vue d'oeil en une petite imitation des quartiers d'affaires de Chicago et les entrepreneurs-promoteurs (Tessinois et Italiens) qui font leur beurre en construisant à tour de bras, sans trop se préoccuper des permis de construire....A cette époque La France et l'Ita;lie sont aussi en chantier (la reconstruction, les dommages de guerre, mais en Suisse, point n'est besoin de plan Marshall ou de financements à crédit: Le saint pognon est là et bien là!