jeudi 29 mai 2003

87 - le dernier des géants














... Au matin du 7 avril 1945, le Yamato est - comme prévu - repéré par les premiers appareils de reconnaissance américains, qui appellent aussitôt à la curée.

Malgré plusieurs changements de cap, le bâtiment est définitivement localisé vers midi. Trente minutes plus tard, les premiers bombardiers-torpilleurs apparaissent, et déjà les turbines montent en régime. 18, 22, 24 nœuds, l'étrave du navire laboure l'océan de toute la puissance de ses 150.000 chevaux. Mais les avions sont là, implacables. Plusieurs bombes explosent à l'arrière, une torpille le touche à l'avant gauche.

A 13H00 les communications intérieures sont coupées suite à l'impact de deux nouvelles torpilles, et les Américains continuent de se relayer méthodiquement sur le bâtiment blessé, vague après vague, comme meutes de chacals à la poursuite d'un buffle à l'agonie. A 13H30, trois nouvelles torpilles le touchent près de l'étrave, la gîtes s'accentue, les chaudières sont noyées et l'immense navire se traîne maintenant sur l'eau à moins de 7 nœuds, tournant en ronds car son gouvernail est endommagé. "Aucun espoir" signale-t-on à l'amiral Ito, qui décide alors de transférer son pavillon sur un destroyer de l'escorte

A 14H17, le cuirassé encaisse sa dixième torpille au but,... il ne verra jamais Okinawa, il ne reverra jamais le Japon et la rade de Kuré qui l'a vu naître, Okinawa mourra sans lui et le Japon capitulera dans trois mois.

Le capitaine de vaisseau Ariga se fait attacher sur la passerelle, pour mourir avec son navire, puis donne l'ordre d'évacuation. Trop tard: à 14H23 une gigantesque explosion causée par l'éclatement de ses propres munitions déchire les flancs du Yamato, qui coule en quelques secondes, emportant 2 498 personnes dans sa tombe liquide et mettant ainsi un point final à une épopée superbe, grandiose,...

Et parfaitement inutile.

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