mercredi 28 mai 2003

86 - le voyage sans retour

... avec ses 72.800 tonnes à pleine charge, ses 263 mètres de long, ses 150.000 CV, ses 9 canons de 456mm, ses 2.800 marins et officiers, le Yamato est, en avril 1945, le dernier des géants, le plus gros bâtiment de ligne au monde, la plus formidable machine de guerre jamais lancée sur les mers.

Mais en avril 1945, que valent encore ces superlatifs face à la toute-puissance de l'aviation américaine qui, un an auparavant, a déjà envoyé son frère - le Musachi - par le fond ?

A quoi pense le Vice-Amiral Ito en appareillant pour Okinawa le 6 avril 1945 ? Certainement pas à un retour glorieux, puisqu'aucun retour n'est prévu - le Yamato n'a emporté de mazout que pour un unique trajet aller.

Ses ordres lui enjoignent de se frayer un passage jusqu'à l'île, en bousculant les forces d'invasion américaines, puis d'y échouer le Yamato, avant de pilonner les troupes de débarquement avec ses énormes canons, capables d'envoyer une obus d'une tonne et demie à 41 kilomètres.

Mais face à une flotte d'invasion jamais vue, qui dépasse même celle qui s'est présentée le 6 juin 1944 devant les côtes normandes (!), il ne fait aucun doute que le cuirassé sera repéré et attaqué par toute l'aéronavale américaine bien avant d'atteindre son objectif.

C'est donc une mission kamikaze, un pur suicide pour l'Honneur, un sacrifice gratuit sur l'autel d'une cause perdue, un ultime défi adressé à un adversaire bien trop fort et dont on attend le coup de grâce final.

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