samedi 24 mai 2003

82 - les occasions ratées

... en lançant, au début des années '30, son gigantesque programme de construction et de rénovation de cuirassés, Benito Mussolini espérait bien refaire de la Méditerranée une Mare Nostrum italienne.

Hélas, sa marine de guerre apprit bientôt à ses dépens qu'il ne suffit pas de beaux navires pour gagner une guerre. Sous-entraînés, aussi dépourvus d'initiatives que d'ardeur au combat, les marins italiens durent rapidement composer avec un autre ennemi plus insidieux encore que les britanniques : le manque chronique de carburant.

Il faut dire que, taillés pour évoluer à grande vitesse au sein d'une mer étroite, et constamment à proximité de leurs ports d'attache, les plus écents cuirassés italiens engloutissaient la bagatelle de... 1,2 tonne de diesel au kilomètre (!)

C'est l'allié allemand qui fournissait le pétrole. Mais au fil des mois, le dit allié ne cessa de réduire ses livraisons à une marine italienne qui, il est vrai, allait d'insuccès en défaites, et de défaites en désastres.

En novembre 1940, une vingtaine de petits biplans Swordfish, lancés du porte-avions Illustrious, parvinrent à couler 3 cuirassés italiens dans le port de Tarente. Une démonstration qui ne fut certes pas perdue pour les aponais qui, un an plus tard et à l'autre bout du monde, rééditèrent la manoeuvre contre les cuirassés américains ancrés à Pearl Harbour.

En mars 1941, la bataille du Cap Matapan se termina pour les Italiens par une fuite éperdue et la perte de trois croiseurs lourds. A ce petit jeu méditerranéen, l'aviation et les sous-marins allemands se révélèrent en vérité autrement plus efficaces que les gros bâtiments italiens, coulant ou endommageant gravement plusieurs porte-avions et cuirassés britanniques

Et ce n'est pas l'attaque, en décembre de la même année, et en plein port d'Alexandrie, de deux cuirassés britanniques par les nageurs de combat de la Xème MAS qui redonna du coeur à l'ouvrage aux marins italiens. Clouée au port par le manque de carburant et la peur de perdre, la superbe marine de Mussolini laissa passer l'occasion et termina la guerre sans gloire, le plus souvent à quai.

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