Le Group Captain Victor Beamish : au bon endroit, au bon moment, mais trop féru de discipline... |
A la longue, toutefois, la multiplication des rapports "d’incidents" va inévitablement réveiller les esprits, mais là encore, en ce 12 février 1942, la malchance semble s’acharner sur la Grande-Bretagne, puisqu’à 10h15, alors les opérateurs de la station radar de Beachy Head (Sussex de l'Est) ont pour la première fois repéré et correctement identifié les échos de "deux grands navires" - en fait les Scharnhorst et Gneisenau - aux environs de Boulogne, toutes leurs tentatives pour communiquer cette information par la voie hiérarchique jusque Douvres demeurent lettre morte… par la faute de câbles téléphoniques malencontreusement connectés à un simple bureau de poste (!), et il va encore s’écouler un bon quart d’heure avant que les malheureux radaristes parviennent à entrer en contact avec les autorités de Portsmouth, et une dizaine de minutes de plus avant que celles-ci relaient cette information capitale jusque Douvres !
Mais à 10h30, on a également, et pour la première fois, envisagé la possibilité que les fameuses "interférences atmosphériques" que l’on ne cesse de rapporter soient en fait le résultat d’un brouillage radar volontaire opéré par les Allemands,... et ne pouvant dès lors avoir pour objet que de dissimuler un événement important en train de se dérouler dans La Manche.
Mieux vaudrait à l’évidence s’en assurer, en dépêchant immédiatement une patrouille de reconnaissance sur place, et le hasard fait qu’au même moment, deux Spitfire du 11ème Groupe se trouvent précisément aux environs de Boulogne, et occupés à poursuivre deux avions allemands qui, sans l'avoir voulu, les amènent juste au-dessus des navires de Ciliax, mais aussi de la couverture de chasse allemande, qui se précipite vers eux et les contraint à faire aussitôt demi-tour
S’il tournait à présent le bouton de sa radio, le Group Captain Victor Beamish pourrait donner l’alerte, mais des ordres très stricts interdisent de rompre le silence radio, et Beamish, en vétéran discipliné de la Bataille d’Angleterre, ne se sent pas autorisé à les enfreindre, et préfère donc attendre d’être de retour à sa base pour communiquer l’incroyable nouvelle du passage de grands navires de surface allemands à travers La Manche…
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