jeudi 23 janvier 2025

8174 - au bon endroit... mais pas assez longtemps

Le Sealion, en 1942 : au bon endroit... mais pas assez longtemps 

… Brest, 21h45

Surpris en pleins préparatifs d’appareillage par ce raid britannique aussi imprévu que fort désobligeant, l’amiral Ciliax a rongé son frein pendant deux bonnes heures, mais après le départ du dernier bombardier, et le hurlement des sirènes de fin d’alerte, il s’est finalement résolu à donner le signal du départ à 21h45, soit avec plus de deux heures de retard sur l’horaire.

À 21h45, donc, le Scharnhorst, immédiatement suivi par le Gneisenau puis le Prinz Eugen, et tous les trois flanqués par leurs destroyers d’escorte, quitte la rade en direction de la haute mer.

Sur la passerelle du Scharnhorst, qui a pris la tête du groupe, Ciliax est évidemment inquiet : avant même de réellement débuter, l’Opération Zerberus se retrouve en effet déjà bouleversée dans son horaire, mais un Bien naît parfois d’un Mal car, à quelques minutes-près, les photographies prises par les Britanniques lors de ce raid n’auraient pas manqué de révéler la disparition des navires,… et aussitôt sonné le branlebas chez l’ennemi !

Gros coup de chance allemand, donc,... et cette chance ne semble pour l’heure pas sur le point de tourner puisqu’un peu plus loin au large, le sous-marin britannique Sealion, qui, à l’insu des Allemands, montait depuis plusieurs jours la garde devant Brest, et qui aurait donc été en mesure de repérer les bâtiments allemands s’ils avaient quitté le port à l’heure prévue, soit à 19h30, a quant à lui décidé de vider les lieux à 20h25, donc en plein raid du Bomber Command, et de s’éloigner afin de recharger ses batteries dangereusement à plat, opération assurément indispensable mais qui ne peut toutefois s’effectuer qu’en surface, et surtout à bonne distance de tout navire ou avion allemand en maraude.

Le Plan Fuller prévoyait certes d’entretenir une surveillance sous-marine permanente devant Brest, mais faute, une fois encore, de moyens, trop occupés ailleurs, aucun autre sous-marin n’est disponible pour relayer le Sealion sur place, en sorte qu’en pratique, et alors que le départ de la flotte de Ciliax aurait pu apparaître sur les photographies de reconnaissance du Bomber Command, et aurait en tout cas dû être observé et signalé par le Sealion, le dit départ s’est donc opéré à l’insu total des Britanniques qui, malheureusement pour eux, n’en ont pas encore fini avec la malchance… 

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