Civils japonais, après un bombardement sur Tokyo, janvier 1945 |
Et elles pouvaient de surcroît s'appuyer sur un nombre considérable d'indicateurs et de délateurs, toujours prêts à aider une police qui, bien qu'omnipotente, ne pouvait malgré tout pas surveiller tout le monde, ni être partout à fois.
En 1937 par exemple, et pour ne parler que d'elle, la Gestapo allemande ne disposait que de 126 officiers pour surveiller les agissements des 500 000 habitants de Düsseldorf, de 43 à Essen pour 650 000 habitants, et... de 22 à Würzburg, pour les 840 000 habitants de toute la Basse Franconie (!)
Il était dès lors illusoire d'espérer repérer d'éventuels "éléments subversifs" en s'en remettant au seul flair des rares agents en place : la "Loi sur les comportements malveillants" du 21 mars 1933 s’en était donc chargée, en étant à l’origine d'une gigantesque vague de dénonciations, le plus souvent anonymes.
Jusqu’à la Capitulation du Reich, des centaines de milliers, et probablement des millions, de dénonciations furent ainsi collectées. Dans les archives de la seule Gestapo de Düsseldorf, on retrouva par exemple, après guerre, pas moins de 72 000 dossiers de dénonciation,... sans compter les quelque 30 000 qui auraient disparu dans les bombardements !
Dans ces conditions, avec la crainte constante de se voir dénoncé par son voisin voire son propre enfant (!), et ensuite arrêté, emprisonné, torturé et finalement exécuté par les agents à la solde de la dictature, il était difficile, pour ne pas dire impossible, de voir émerger un véritable mouvement de masse en faveur de la Paix, comme Sophie Scholl et les étudiants de la "Rose Blanche" en avaient d’ailleurs fait la douloureuse expérience.
Et au Japon, où le civisme et la conformité étaient depuis toujours vertus nationales par excellence, c’était pire encore, puisque le simple fait de ramasser et de lire un tract anti-gouvernemental largué depuis les Airs par les Américains constituait déjà un acte impensable en soi...
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