samedi 2 novembre 2024

8092 - "Il faut supporter l'insupportable"

Deux frères ayant survécu au Bombardement de Hiroshima, 10 août 1945
… Tokyo, Palais impérial, 09 août 1945, 23h50

Contrairement à Hitler, Hirohito - nous l’avons dit - n’est pas un simple parvenu surgi de nulle part et se moquant autant de sa descendance - inexistante - que de ce qui pourrait arriver à son pays advenant une défaite : c’est un monarque descendant direct d’une longue dynastie, un père de sept enfants, dont l’un est inévitablement appelé à lui succéder, et un homme qui, contrairement à nombre de ses officiers, n’a aucune envie de voir le Japon de ses ancêtres disparaître tout entier dans un même et formidable holocauste suicidaire !

Dans les dernières minutes du 09 août 1945, et dans l’abri anti-aérien du Palais impérial, il a donc décidé de réunir ses principaux ministres et généraux pour une conférence en principe décisive, qui débute à 23h50 par la lecture du texte de la Déclaration de Potsdam

Mais comme c’est le cas depuis des semaines, chacun est encore loin de s’accorder sur la réponse à lui donner !

Togo, Ministre des Affaires étrangères, se déclare ainsi prêt à accepter… à condition qu’une clause soit introduite garantissant le statut actuel de l’Empereur, tandis qu’Anami, Ministre de la Guerre, continue de prêcher la résistance à outrance.

A 02h00, voyant que l’on ne fait une fois de plus que tourner en rond, le Premier Ministre Suzuki se lève soudainement, s’incline devant l’Empereur, et lui demande tout de go d’exprimer sa volonté

Hirohito, toujours assis à la table, se penche en avant et dit alors : "Je vais exprimer mon opinion. C'est la même que celle du Ministre des affaires étrangères. Il faut supporter l'insupportable", avant d’enchaîner sur une critique à peine voilée de l’Armée pour ne pas avoir tenu, depuis 1941, ses promesses envers la Nation.

Le Premier Suzuki prend alors la parole : "Nous avons entendu votre auguste Pensée", lui dit-il, avant que Hirohito, qui a dit tout ce qu’il avait à dire, ne se décide à quitter la pièce sous les courbettes obligées de toute l’assistance…

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