dimanche 24 mars 2024

7869 - on y arrive ou on n'y arrive pas...

Décollage de Lancaster au crépuscule : 5% d'entre-eux ne reviendront pas de cette mission...
... 21h45 

"Certains hommes ne purent contenir leur curiosité et ouvrirent les sacs pour y découvrir des bandelettes. "Nous ne parvenions pas à comprendre", déclara plus tard un aviateur du Squadron 47. "Un gars a pissé dessus pour voir si cela réagissait"" (1)

A 19h00, après le briefing où on leur a appris à la fois la cible de cette nuit, l’importance de celle-ci pour l’effort de guerre, mais aussi la nature, et l’intérêt, des mystérieux sacs de bandelettes qui sont supposées "aveugler" les radars allemands, et ainsi, dans une certaine mesure, assurer leurs sécurité, les équipages sont de retour au mess pour le non moins traditionnel "œufs et bacon" qui précède chaque mission.

Et comme à l’accoutumée, les mines sont graves et le silence presque total : chacun sait en effet qu’un certain nombre de camarades dont on croise le regard en cet instant, et en moyenne 5% d’entre-eux, ne seront plus là demain matin.

Et pour les 95% qui survivront malgré tout à cette mission, le pire est évidemment de savoir qu’après celle-ci, il y en aura une autre, et puis une autre encore, jusqu’à atteindre - si on arrive à l’atteindre ! - le Saint-Graal, l'obligatoire série de trente que le Bomber Command impose à ses aviateurs, dont beaucoup n’ont même pas 20 ans.

Alors, forcément, on devient fataliste : on y arrive ou on n’y arrive pas, mais à mesure que l’on se rapproche du chiffre magique, on craint de plus en plus de se faire descendre juste avant de toucher au but, et on serait prêt à incinérer l’Allemagne entière et tous ses habitants si cela permettait d’éviter une mission de plus, qui risque d’être tout simplement celle de trop.

Une heure et demi plus tard, chacun est à bord de son appareil, prêt au décollage. Les moteurs rugissent. Un premier avion, un néo-zélandais, quitte le sol.

Il est 21h45...

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