mardi 21 juin 2022

7236 - le sentiment du devoir accompli

V.E. Day : la guerre est finie en Europe... et personne n'a vraiment envie de la poursuivre dans le Pacifique
… pour ne rien arranger, les soldats alliés qui, depuis des mois voire des années, combattent dans le Pacifique, estiment à présent qu’ils ont eux aussi "fait leur devoir", et qu’à l’instar de leurs camarades du Front européen, ils méritent eux aussi de rentrer au plus vite à la maison !

"Pour les soldats britanniques de Birmanie, "Repat", le Rapatriement, était devenu une obsession. (…) En janvier 1945, l’Armée britannique avait déjà réduit le temps de service obligatoire outre-mer de quatre ans à trois ans et huit mois puis, en juin, à trois ans et quatre mois. En conséquence, de nombreuses unités se retrouvèrent subitement privées de soldats expérimentés et renvoyés chez eux.

(…) "Les responsables militaires américains et britanniques étaient tout aussi consternés à la perspective de devoir motiver des soldats pour de nouvelles batailles alors que certains de leurs camarades rentraient déjà chez eux" (1)

Paradoxalement, alors que la situation militaire des Alliés n’a jamais été aussi bonne, et celle des Japonais aussi désespérée, ce sont les premiers qui se retrouvent confrontés au manque de soldats, ou du moins de soldats expérimentés !

Car chez les Japonais, il n’est évidemment pas question de démobiliser ne serait-ce qu’un seul soldat ayant déjà "fait son devoir" : pour parer les futurs débarquements alliés, le gouvernement a au contraire massé 14 divisions au Kyushu, 38 au Honshu et Shikoku, 5 à Hokkaido, tandis que vingt-huit millions de civils (!) ont été embrigadés à la hâte dans une milice populaire, le Kokumin Giyū Sentōtai  ("corps combattant des citoyens patriotiques") calquée sur le modèle de la désormais défunte "Volkssturm" allemande.

Comme pour celle-ci, ce sont les armes qui leur manquent le plus - bon nombre de ces miliciens en sont en effet réduits à porter... des lances de bambou (!) - mais qu’importe, la Patrie mérite qu'on la défende à tout prix et, de toute manière, les kamikazes sont là pour montrer le bon exemple : sur le papier, l'aviation japonaise dispose encore, en cet été de 1945, de plus de 10 000 appareils - soit trois fois plus qu'au commencement de la guerre (!) - et si l'essence est sévèrement rationnée, et l'entraînement au pilotage réduit au strict minimum, les volontaires n’ont jusqu’ici jamais manqué pour se précipiter à plus de 600 km/h sur les navires américains…

(1) Hastings, op cit

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