mercredi 1 décembre 2021

7033 - au coeur de la nuit

... car leur mission accomplie, les aviateurs n'ont à présent d'autre choix que de tenter de regagner leurs porte-avions, à plus de 400 km de là, et surtout dans la nuit noire,… un exploit que peu d'entre eux ont réussi jusque-là, même à l'entraînement !

Conscient de la chose, Mitscher prend alors une décision inouïe : au mépris de tous les règlements du temps de guerre, il ordonne en effet... de faire éclairer les ponts de tous ses porte-avions, tandis que croiseurs et destroyers allument leurs projecteurs et tirent des obus éclairants pour indiquer aux pilotes la direction à suivre !

Qu'un sous-marin japonais se trouve dans les parages, et c'est le carnage assuré pour la TF-58, et pour lui-même le déshonneur et la court martiale, mais la chance souriant souvent aux audacieux, ou aux inconscients, aucun sous-marin ennemi ne se présente !

Mais même guidés par la lumière des balises et des projecteurs, les appontages ne se font pourtant pas sans mal : nombre d'aviateurs, à bout de nerfs, et épuisés, jettent, et souvent fracassent, leur appareil sur le premier porte-avions qu'ils aperçoivent,… lequel n’est que rarement le leur, au point que l’un d’entre-eux va même se retrouver avec des appareils originaires de sept porte-avions différents !

Mais tous ne réussissent hélas pas à apponter et, à court d’essence, n'ont alors d'autre choix que de tenter un amerrissage forcé... en priant pour qu'un destroyer les aperçoive et se porte à leur secours !

Au final, et alors qu'il n'a perdu qu'une vingtaine d'appareils dans les affrontements de la journée, Mitscher va en perdre... quatre fois plus dans ces appontages de nuit, mais se consolera en apprenant que la plupart de ses aviateurs s'en sont néanmoins sortis vivants (1)…

(1) une cinquantaine de pilotes et navigants américains trouveront néanmoins la mort dans ce retour chaotique

2 commentaires:

Anonyme a dit...

La vue d'artiste qui illustre cet article est fort belle...mais fait un peu sourire: l'avion flotte très haut, comme s'il était en polystyrène expansé ou en liège..et presque à plat...avec leur très puissant et très lourd moteur, et même en tenant compte du fait que les aviateurs de Mitscher avaient épuisé leur carburant et bénéficiaient de la flottabilité des réservoirs vides, les avions, même intacts et sans impacts de balles, posés en mer flottaient bas, pas très longtemps et la queue en l'air...et piquaient au fond en quelques dizaines de secondes...Les pilotes anglais des hurricanes "kleenex" catapultables depuis un cargo préféraient en général se parachuter plutôt que risquer l'amerrissage, sauf avec une mer d'huile, rarissime dans l'océan arctique ou l'Atlantique.

Les aviateurs américains, eux avaient une trouille bleue (et pas forcément infondée) des requins ... à chacun ses petits soucis. L'US NAVY inventa pour eux un "shark repellent" des tablettes de sels de cuivre mélangées à un colorant bleu noir supposé dégôuter les squales...un gadget bon pour le moral mais ...totalement inefficace comme le prouva le Cdt Cousteau qui testa ces tablettes en conditions réelles au milieu de bancs de requins en mer Rouge au début des années 60...Les sympathiques bestioles engloutissaient invariablement (et goulûment) la tablette,comme un vulgaire sushi, qu'elle soit "nature" ou enrobée dans un poisson fraîchement vidé...

Anonyme a dit...

En français, cour (au sens architectural comme au sens judiciaire) ne prend pas de T...sauf quand l'anglomanie s'en mêle comme au Tennis (Longtemps la fédé française s'est appelée FFLT Fédération Française de Lawn-Tennis, quel chic! ) , un terrain de tennis , ou de squash, s'orthographie court (et se met au masculin) alors qu'à la base c'est strictement le même mot des deux côtés de la Manche.

Ce sont les les suites de l'invasion franco-normande de Guillaume le Conquérant en 1066...Court Martial , le terme anglais est un emprunt direct au français , avec un T en plus et un E en moins