mardi 28 mai 2019

6036 - défaite pour les uns, victoire pour les autres...

Cimetière militaire, à Gallipoli
… si le Rembarquement au Cap Helles marque la fin officielle de la Bataille des Dardanelles, il ne signifie évidemment pas la fin de la guerre, laquelle va se poursuivre pendant encore deux ans, avant de se conclure, en Orient du moins, par l’Armistice de Moudros du 30 octobre 1918, qui consacrera la défaite finale de l’Empire ottoman ou, si l’on préfère, la revanche des Français et des Britanniques humiliés à Gallipoli.

Mais pour ces derniers, le Rembarquement marque aussi, et surtout, l’abandon définitif de toute idée de forcer le passage des détroits afin de rétablir les communications maritimes avec l’allié russe : jusqu’à l’Armistice, et à l’exception de quelques sous-marins, plus aucun navire allié ne s’aventurera en effet dans les Dardanelles et en Mer de Marmara.

Pour les Alliés, donc, c’est une grave défaite, mais pour les Ottomans, une immense victoire, que l’on célèbre comme il se doit, parce qu’elle consacre - ne serait-ce que temporairement - le retour de l’Empire au sein des grandes puissances du moment.

Pour Mustafa Kemal, promu "Sauveur des Dardanelles" et héros de tout un peuple, c’est le début d’une irrésistible ascension qui le verra bientôt parvenir jusqu’au pouvoir suprême; pour Winston Churchill, c’est au contraire une énorme tache dans un dossier jusque-là sans faille, et une tache qui, pour tous les observateurs, et probablement pour lui-même, signifie la fin d’une ascension que chacun jugeait jusque-là irrésistible.

Pour les survivants, c’est avant tout la fin d’un cauchemar dont ils mettront néanmoins des années à se remettre.

La Bataille des Dardanelles est terminée, et le moment est à présent venu d’en faire le bilan…

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bonjour!
Excellent blog comme toujours...ceci dit la plus grave conséquence pour les Alliés a sans doute été la coupure du ravitaillement de la Russie par voie maritime.
L'historien Xavier de Planhol qui a pondu un très divertissant bouquin sur la marine ottomane à travers les siècles , a qualifié, après d'autres, le Goeben/Yavuz Selim de "Navire qui changea le monde"en précipitant le destin de la Russie Tzariste (ce qui facilita bien les choses pour Lenine et Trotsky)....ceci dit vu les errances de Nicolas II et surtout de la clique qui l'entourait (Le désastre de Tannenberg après ceux dePort Arthur, de la Corée et de Tsoushima) on peut estimer que ce triste sort était bien mérité...