jeudi 12 juillet 2018

5616 - les cruels indiens

Le Yamato, sous les bombes. Notez la fumée sur la plage arrière
… 12h41

Dans les westerns de John Ford, on parlerait sans doute de la caravane de hardis pionniers encerclée par les cruels indiens qui, pour parfaire l'analogie, commencent d'ailleurs à orbiter dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, et en prenant tout leur temps, histoire de se rassembler et d'analyser tranquillement la situation.

A chaque avion sa place, et son rôle : la manœuvre, longuement mûrie par trois années de guerre, et encore rappelée dans les briefings pré-décollage, consiste, pour les 132 chasseurs Hellcat ou Corsair, à strafer le personnel des canons antiaériens ainsi que les superstructures des bâtiments ennemis, et ce afin de faciliter la tâche de 50 bombardiers en piqué, qui, de leur côté, masqueront l'arrivée de 98 avions-torpilleurs, lesquels hériteront assurément de la tâche la plus difficile, puisque contraints de voler en ligne droite durant d'interminables secondes, et à quelque 100 mètres des flots, avant de pouvoir larguer leur unique torpille à moins de 1 100 mètres de la cible.

Et malgré les tirs de barrage du Yamato et de tous les autres bâtiments de la flottille japonaise, les cruels Indiens ne tardent pas à enregistrer leurs premiers coups au but : à 12h41, deux bombes AP de 1 000 livres frappent en effet le super-cuirassé sur l’arrière, traversent plusieurs ponts, déclenchent un violent incendie que les équipes de secours sont pour l’heure incapables de circonscrire, et mettent hors-service la tourelle triple de 155mm arrière, son contrôle de tir, ainsi que le radar principal.

Mais les Helldiver américains s’en prennent également au Yahagi ainsi qu’aux destroyers d’escorte, que les chasseurs Hellcat arrosent pour leur part à la mitrailleuse et à la roquette.

Après les bombardiers et les chasseurs, c’est au tour des avions-torpilleurs d’entrer dans la danse : à 12h45, une ou deux torpilles d’Avenger en provenance du Hornet frappent le Yamato sur son bâbord et lui font embarquer plus de 2 000 tonnes d’eau, tandis que, déjà en flammes, le destroyer Hamakaze, atteint par la torpille d’un Avenger du Bennington, éclate comme une grenade, et s’abîme en quelques secondes.

Et ce n’est pas fini : respectivement victimes d’une bombe de 500 livres et de plusieurs roquettes, les destroyers Suzutsuki et Fuyutsuki sont bientôt en flammes…

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