mercredi 5 janvier 2011

2861 - tel qu'en lui-même

... comme il fallait s'y attendre, la réaction d'Hitler à la perte - et surtout à la survie - du Pont de Remagen va s'avérer en tout point conforme à ses habitudes.

A l'énoncé de la nouvelle, le Führer n'y croit pas, ne comprend pas, fulmine, tempête, y voit un acte de trahison envers l'Allemagne et bien entendu envers sa propre personne, puis, à peine calmé, exige de la Wehrmacht qu'elle mène immédiatement une contre-attaque "décisive" contre le Pont, et de la Luftwaffe, qu'elle expédie non moins rapidement l'ouvrage au fond du Rhin "avec tous les moyens disponibles".

Seulement voilà : en ce mois de mars 1945, l'orgueilleuse Wehrmacht n'est plus capable de rien, si ce n'est de battre en retraite, et la responsabilité première de cette déchéance revient à nul autre qu'Hitler, lequel a lancé le peu qui en restait dans la désastreuse Offensive des Ardennes, puis s'est obstiné à maintenir des centaines de milliers de combattants sur la rive gauche du Rhin au lieu de les replier directement sur la rive droite, comme le réclamaient les généraux.

La Luftwaffe n'est pas mieux lotie, qui après les saignées déjà subies en Méditerranée, sur le front de l'Est, en Normandie ou dans le ciel d'Allemagne, a finalement perdu des centaines d'avions, et ses dernières illusions, lors de l'Opération Bodenplatte (1) du 1er janvier 1945.

En leur for intérieur, les responsables de ces deux armes ne se font donc aucune illusion, mais depuis le congédiement de von Manstein (2), et depuis l'attentat raté du 20 juillet, plus personne n'ose remettre en cause les "ordres personnels du Führer",... et d'autant moins que chacun connaît à présent le sort que ce dernier réserve à ceux qu'il juge responsables du fiasco de Remagen.

(1) Saviez-vous que... - 1669
(2) Manstein, qui exigeait qu'Hitler abandonne le commandement de l'armée au profit des généraux, avait été démis de son poste le 31 mars 1944

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