lundi 7 septembre 2009

2374 - Babylift

… après Rolling Thunder, après Linebacker, après le départ des Américains, après des millions de bombes et des millions de litres de napalm et de défoliant, on aurait aimé écrire que le Vietnam en avait enfin fini avec les morts et les destructions.

Mais la République du Sud-Vietnam, reconnue par les Nations-Unies et les traités internationaux, n’en a hélas pas fini avec son puissant voisin qui s'est pourtant engagé à respecter sa "spécificité" et à la laisser libre de choisir sa voie. S'ensuivent alors deux années de paix toute relative, qui font tout de même… plus de 100 000 morts dans les deux camps !

Le 1er janvier 1975, les Nord-Vietnamiens repartent à l'offensive dans la province de Bien-Hoa. Oh, ce n'est pas grand-chose, juste une manière de tester les réactions sud-vietnamiennes et américaines.

A leur propre étonnement, les communistes progressent comme dans du beurre et - plus stupéfiant encore - les Américains n'interviennent pas.

Nixon s'y est pourtant - et secrètement - engagé auprès du Président Thieu au terme des Accords de Paris de janvier 1973, promettant de renvoyer les B-52 bombarder Hanoï si le Nord-Vietnam reprenait les hostilités.

Mais le 9 août 1974, Nixon a été emporté par le scandale du Watergate, et son successeur, le très pâle Gérald Ford, n'a aucune envie de relancer les États-Unis dans le cauchemar vietnamien. Sur les dispersals, les réacteurs des B-52 restent donc muets,... ce qui finit de persuader les Nord-Vietnamiens de poursuivre leur offensive, assurés qu'ils sont à présent de leur impunité.

Par mer, puis par air, des centaines d'Américains, et des dizaines de milliers de Sud-Vietnamiens, s'enfuient de Hué, de Da-Nang, puis de Saïgon, à mesure que le mince filet de réfugiés se transforme en rivière, puis en torrent qui emporte chacun dans une panique indescriptible, mais une panique qui n’intéresse plus personne - et surtout pas les juges du Prix Pulitzer - depuis que les victimes ne le sont plus des Américains mais tout simplement d’autres Vietnamiens.

Au Congrès, ce même Congrès des États-Unis qui, pendant des années, a voté sans sourciller des milliards de dollars pour la guerre, on se dispute à présent comme chiffonniers pour quelques millions de dollars d’aide humanitaire.

Finalement, à Thanh Son Nhut, on voit enfin arriver les C-130 militaires, mais aussi les DC-8 et Boeing 707 ou 727 civils dont les équipages et affréteurs, le plus souvent bénévoles, s’efforcent d’évacuer le plus de gens possible tout en luttant contre le temps et cette bureaucratie américaine qui connaît à peu près le nombre de ses ressortissants encore présents au Vietnam, mais a revanche largement sous-estimé le nombre de Vietnamiens désireux de partir avec eux. Et allez donc expliquer à un fonctionnaire de Washington que la famille vietnamienne moyenne ne se limite pas à un père, une mère et deux enfants.

Les enfants, justement, c’est la grande passion des Américains, comme les chiens le sont pour les Anglais. Étrange peuple en vérité que ces Yankees, qui après avoir mené une guerre de dix ans et napalmé des villages entiers se passionnent à présent pour les orphelins de ces villages et de cette guerre. Après les campagnes de bombardements aux noms aussi martiaux que ronflants, voici qu’arrive "Babylift" dont l’objectif – l’auriez-vous deviné – est d’arracher le plus de bébés et d’enfants possible au sol vietnamien..

2 commentaires:

Frédéric a dit...

Au fait, que sont devenu les 3 300 enfants évacué lors de cette opération. J'ai lu que 1 300 avaient était adopté hors USA.

D'Iberville a dit...

http://www.adoptvietnam.org/adoption/babylift.htm