jeudi 11 juin 2009

2286 - ni drôle ni éclair

... le 10 mai 1940, la Wehrmacht d'Adolf Hitler part à la conquête de la Belgique et de la Hollande, lesquelles ne constituent que simples diversions en faveur de la véritable attaque, qui va se dérouler dans les Ardennes, supposément infranchissables pour les blindés.

Toutes les tentatives visant à colmater la brèche de Sedan échouent. Hâtivement improvisées, et fort maladroitement exécutées, celles-ci se traduisent de surcroît par des pertes aussi élevées qu'inutiles, qui ne font par ailleurs que renforcer la croyance des soldats dans l'invincibilité de leurs adversaires allemands, et leurs officiers dans la conviction que la guerre est perdue.

Si Hitler, comme il le dit lui-même, "pleure de joie", l'État-major français, lui, est en pleine débâcle. La Ligne Maginot, construite à grands frais, n'a nullement stoppé les Panzers, qui se sont contentés de la contourner.

Les Français ont beau posséder davantage de tanks que les Allemands, ils s'obstinent à ne les utiliser qu'en petits groupes isolés alors que les Allemands, eux, n'emploient les leurs qu'en vastes formations capables de coordonner leurs actions non seulement avec celles de l'Infanterie mais aussi avec celles de l'Aviation, toujours là pour leur prêter main-forte.

Le 28 mai, la Belgique capitule. Le 3 juin, ce qui reste du corps expéditionnaire britannique - 200 000 hommes - est parvenu à quitter la France par Dunkerque, mais a dû abandonner l'essentiel de son matériel, et l'intégralité de ses tanks, derrière lui.

Le 22 juin, dans la Forêt de Compiègne, au même endroit et dans le même wagon - celui du maréchal Foch - qui avait servi à signer l'armistice de 1918, et que les Allemands ont ramené sur place, le général Huntziger signe l'armistice qui met fin à la Bataille de France et consacre la revanche de l'Allemagne, et le triomphe de ses Panzerdivisionen.

Mais dans l'euphorie de la victoire, les tankistes allemands vont complètement négliger un enseignement essentiel de cette campagne : à 32 tonnes, soit 10 de plus que les Panzer III et IV, le B1 français possédait un blindage plus épais; et à 20 tonnes, le S35 avait l'avantage d'un blindage incliné, donc beaucoup plus efficace à poids et épaisseur égales.

En conséquence, en maintes occasions, les Allemands ont vu leurs propres obus - par ailleurs de trop petit calibre - ricocher stupidement contre les tanks français alors que les obus français, eux, n'avaient aucun mal à percer leur blindage à la fois trop mince et désespérément vertical.

Dans un an, face aux KV-1 et T-34 russes, à la fois plus lourds, mieux armés et mieux blindés, la leçon s'avérera beaucoup plus meurtrière et appellera une réponse rapide mais  fréquemment maladroite...

2 commentaires:

Guillaume a dit...

C'est oublier ce qu'est la Blitzkrieg, et sa notion de Schwerpunkt.

Le blindage des Panzers n'a réellement commencé à poser problème qu'à partir du moment où les principes de la guerre éclaire n'étaient plus applicables à cause de facteurs tels que la mobilité réduite de l'armée Allemande, la perte de l'initiative stratégique, l'absence de supériorité aérienne, les effectifs réduits des PanzerDivisionen, etc.

D'Iberville a dit...

Je dirais plutôt que le faible blindage, et la faible puissance de l'armement, a vraiment commencé à poser un problème quand les Panzers se sont retrouvés face à des tanks aussi agiles mais mieux protégés et mieux armés qu'eux, c-à-d des T-34 et, mobilité mise à part, des KV-1. Nous allons bientôt y venir