mardi 3 janvier 2006

1031 - tout simplement ignoble

... fin 1943, alors que les ingénieurs allemands désespéraient de parvenir à trouver la cause du mystérieux problème de stabilité qui affectait les premières fusées V1, la déjà légendaire Hanna Reitsch s'était portée volontaire pour une mission véritablement insensée : piloter un de ces engins à l'intérieur duquel on avait hâtivement installé un minuscule cockpit et un semblant de poste de pilotage, si étroit qu'elle seule était capable de s'y installer.

C'est à l'occasion de ce vol qu'elle découvrit le défaut dans le système gyroscopique d'autoguidage de l'engin, lequel pu dès lors entrer en production et être lancé à des milliers d'exemplaires, qui semèrent bientôt la mort et la désolation à Londres, Antwerpen ou Liège.

L'expérience de ce premier vol piloté avait à ce point impressionné la jeune-femme - par ailleurs nazie fervente - qu'elle avait aussitôt proposé au Führer la création d'une "escadrille suicide" de V1 dont les pilotes, des jeunes-gens fanatisés, se seraient jetés avec leur appareil sur les cibles ennemies comme le feraient, plus tard, les kamikazes japonais.

Mais le suicide, fut-il dans l'intérêt de la patrie, n'entrait guère dans la mentalité allemande et l'affaire en resta là jusqu'à l'été 1944, lorsque le débarquement de Normandie, et l'impossibilité d'atteindre par des bombardements traditionnels les objectifs militaires alliés trop âprement défendus, redonna brièvement vie au programme. Puisque le V1 ordinaire était bien trop imprécis, pourquoi ne pas y installer un pilote qui se chargerait de guider la bombe volante jusqu'à l'objectif ?

Copie quasi-conforme du V1 originel, le Fi-103 "Reichenberg" incorporait lui aussi, en à peine moins bricolé, le minuscule cockpit et le semblant de poste de pilotage inaugurés par Hanna Reitsch. Largué en vol par un Heinkel 111 - comme, là encore, de nombreux V1 traditionnels - l'engin était censé voler jusqu'à la cible (navire, pont, bâtiment quelconque) par ses propres moyens avant que le pilote ne le mette en piqué et ne l'évacue en parachute.

Compte tenu de l'étroitesse de l'habitacle, et de la présence du pulso-réacteur Argus juste derrière celui-ci, la probabilité que le dit pilote en sorte vivant, bien que très légèrement supérieure à celle du Mitsubishi Ohka japonais (ou elle était carrément nulle), avoisinait tout de même le zéro absolu.

Au total, 175 exemplaires de cette monstruosité furent construits, mais pas un seul n'entra finalement en service...

Aucun commentaire: