... lorsqu'on est confronté à un ennemi commun - le bombardier stratégique quadrimoteur - il n'y a rien d'étonnant à ce que l'on s'échange les meilleures recettes et techniques pour s'en défaire.
En échange des fréquentes visites effectuées durant la guerre par des sous-marins allemands venus au Japon pour y charger du Wolfram, du caoutchouc ou de l'étain, les ingénieurs japonais héritèrent de quantités de plans d'armes allemandes, mais aussi d'armes complètes, qu'ils n'eurent plus qu'à copier.
A tous égards, le Kawasaki Ki-61 "Hien" fut le résultat le plus abouti de ces fructueux échanges. Esthétiquement déjà, l'avion, qui n'évoquait en rien la production japonaise traditionnelle, ressemblait étonnamment à un... Messerschmitt 109. Comme lui, il était équipé d'un moteur en V inversé, refroidi par liquide, qui n'était autre... que le Daimler-Benz DB-601 de ce même Messerschmitt 109, moteur dont Kawasaki avait obtenu la licence de fabrication (*)
Toujours à l'image du Me-109, le Ki-61 disposait d'un puissant armement allemand, composé de deux (puis quatre) canons de 20mm, en l'occurrence des MG-151/20, dont un sous-marin... allemand avait obligeamment déposé 800 exemplaires au Japon.
Sur le papier, le fruit des amours germano-nippones se présentait donc sous les meilleurs auspices. Dans la pratique, la réalité fut hélas fort différente. Atypique à tout point de vue, le Ki-61 ne plaisait pas à ses pilotes qui, habitués aux légers "Zéro", lui reprochaient sa lourdeur et sa vitesse d'atterrissage très élevée, source d'innombrables accidents. Les canons allemands digéraient mal les munitions et le système électrique japonais, et le moteur allemand encore plus mal l'essence japonaise au trop faible indice d'octane.
En unités, dans le dénuement des îles perdues du Pacifique, s'y ajouta l'incapacité des mécaniciens, quant à eux habitués aux rustiques moteur en étoile refroidis par air, d'entretenir correctement le fragile et fort complexe V12 germano-nippon, par ailleurs généralement livré sans le moindre manuel d'entretien (!).
Il en résulta des taux d'indisponibilité records, et à vrai dire sans équivalent chez aucun autre belligérant, ainsi qu'un profond sentiment de découragement chez les pilotes qui, au moment de monter dans leur appareil, ne savaient jamais si celui-ci parviendrait ou non à prendre l'air, à intercepter ou non les bombardiers ennemis, et à les ramener ou pas à bon port...
(*) en 1945, le trop fragile V12 Daimler-Benz refroidi par eau fut remplacé - mais trop tard - par un classique moteur en étoile Mitsubishi refroidi par air, donnant naissance au remarquable Ki-100
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